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dans les autres par une infinité de transitions que le rôle du peintre
est de nous faire pressentir sans en dévoiler le mystère. Par là, Venise
fait un bloc dans l'étendue, comme aussi elle en fait un dans la durée,
en réalisant la communion momentanée de l'esprit antique et de
l'esprit moderne, du monde musulman et du monde chrétien, de l'indif-
férence asiatique et de l'optimisme occidental.
Car Venise est indifférente. Elle accepte sans choix tous les maté-
riaux que la marée du monde porte jusqu'à ses sens. Et Venise est
idéaliste, puisqu'elle groupe ces matériaux en organisations nouvelles
et généralise toujours. C'est par son imagination, qui est bien moins
la faculté d'inventer que de combiner des images, qu'elle reste ita-
lienne et joue, dans la Passion et l'Italie renaissante, le dernier acte
du drame. La vie passionnelle a révélé à l'Italie un monde qui se
rapprochait de sa vérité intérieure. Elle est passée d'une forme à une
autre pour réaliser, dans un effort d'harmonie synthétique, le besoin
qu'elle avait d'une forme générale où son désir se reconnût.
Ainsi, dans son ensemble l'Italie, où le lien social, au moyen âge,
n'avait existé par réaction idéaliste et passionnelle que dans le cœur
de quelques-uns, Dante, François d'Assise, Giotto, l'Italie, par besoin
d'équilibre, au moment où ce lien social qui lui a échappé se dénoue
partout ailleurs, recherche d'autres moyens d'unir l'individu, à l'aide
des liens spirituels que tous ses sens lui peuvent révéler, aux milieux
sociaux et naturels sans cesse modifiés par l'évolution des hommes.
Par l'arabesque intellectuelle que décrivent Florence et Rome, par
le passage sensuel que Venise a découvert, l'Italie livre à l'Europe ce
que réclamaient ses besoins.

La cathédrale d'Anvers. (Sl. Stephens.)
 
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