Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 13.1876

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Guillaume, Eugène: Michel-Ange: sculpteur
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21843#0105

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
MICHEL-ANGE, SCULPTEUR.

9 (J

Biionarroti, après que plusieurs discours eurent été prononcés en l’hon-
neur du grand homme et du grand artiste dans une réunion solennelle
de l’Académie de la Crusca et de l’Académie des Beaux-Arts, le syndic
de Florence, M. Ubaldino Peruzzi, ayant trouvé les paroles les mieux
inspirées et les plus naturellement justes pour convier l’assistance .à
faire un pèlerinage à la maison d’Alighieri, l’assemblée se leva et le
suivit. De même aussi, croyons-nous qu’un rappel du poète peut trou-
ver ici sa place. On sait que Michel-Ange, dès sa jeunesse, lisait Dante
avec une prédilection qu’il garda toute sa vie. Il avait couvert de dessins
un exemplaire de la Divine Comédie qui a malheureusement péri. Il
avait fait du poème une étude approfondie, et si jusqu’ici nous n’y avons
pas appuyé, c’est qu’il nous a semblé admis en principe que les idées
dantesques étaient le fonds commun sur lequel grandissaient tous les
génies toscans. Du reste, l’artiste et le poète avaient dans le caractère
de grands points de ressemblance : tous deux eurent la plénitude des
idées de leur temps et tous deux associèrent avec la même puissance,
dans des symboles, le réel et l’idéal.

On ne peut guère douter, selon nous du moins, que dans la trilogie
du Dante la partie la plus familière à Michel-Ange, celle où sa pensée
résidait de préférence, n’ait été le Purgatoire. Il devait s’y arrêter par
un sentiment naturel de sympathie : car c’est là qu’Alighieri a placé les
peintres et les sculpteurs, les poètes et les musiciens, toutes les âmes
d’artistes, singulier mélange de grandeur et de faiblesse, qui, retenues
dans les tourments de la géhenne et du feu, expient longuement leur
vain orgueil et leurs grossières amours. C’est de là aussi que lui était venue
l’idée de personnifier la Vie active et la Vie contemplative, sujets qui
reviennent sans cesse dans les compositions du Tombeau de Jules II. Le
Purgatoire est encore le lieu de l’attente et de l’espérance; et ce double
sentiment est celui qui anime la foule des prophètes et des sibylles,
des ancêtres et des précurseurs du Verbe qui peuplent la voûte de la
Sixtine. Enfin le lieu des épreuves n’oflre-t-il pas 1 image la plus
réelle de ce qu’est la vie pour ceux qui l’épurent par la contemplation
des choses divines et par une ardente aspiration vers 1 idéal? En vérité,
les âmes des deux grands Florentins sont bien les sœurs de ces âmes qui,
plongées dans les flammes ou écrasées sous de lourds fardeaux n exhalent
que des hymnes d’amour et des chants pieux. Cependant, de même que
Dante monte toujours dans les régions du purgatoire, de même Michel-
Ange, arrivé aux plus rudes pentes de la vie, aux dernières, s’élève à Dieu
par l’amour purifié. Mais pour atteindre cette cime, il lui fallait aussi un
guide. Il le rencontra dans une femme dont l’Italie admirait les talents,
 
Annotationen