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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 13.1876

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Michel-Ange: peintre
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https://doi.org/10.11588/diglit.21843#0156

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MICHEL-ANGE* PEINTRE.

1 Zj7

Ange, relativement sec dans la Sainte Famille d’Agnolo Doni, s’était
renouvelé et» disons-le, attendri. Cette grande révolution commencée
par Léonard, cette recherche de la morbidesse, qui est l’une des séduc-
tions de la Joconde et de la Sainte Anne, les voilà précisées et mises en
évidence dans les figures nues de la Sixtine. Heure glorieuse pour
l’histoire de la peinture : Michel-Ange continue Léonard de Vinci.

Il n’y a pas à décrire l’un après l’autre les neuf compartiments des
plafonds. Il suffira de dire que, sans s’écarter de la gamme d’harmonie,
ils sont tous d’un caractère différent, et que la variété des motifs y déter-
mine, quand il le faut, un changement dans l’exécution. A la suite du
double tableau qui raconte la parole de Dieu désobéie et le paradis perdu,
le peintre nous entraîne en dehors du monde divin. C’est l’histoire de
Caïn, celle de Noé, et, dans le compartiment intermédiaire, le Déluge.
Ici la fresque prend un accent tragique, et cette composition est certai-
nement une des plus belles de la série. Jamais le cataclysme biblique n’a
inspiré de page plus émouvante. Les groupes réfugiés sur les hauteurs
que menacent à la fois les eaux qui tombent et les vagues qui montent,
les malheureux entassés dans la barque que le flot va engloutir, l’impla-
cable noirceur du ciel sillonné par de longs éclairs, tout dit l’immense
désastre et l’universelle destruction. Dans cette scène de deuil, dont la
complication a effrayé la patience des copistes, Michel-Ange est le poète
du drame absolu : il peint, dans la brume d’un paysage aux désolations
infinies, toutes les colères de la nature, toutes les angoisses de la mort.

On a vu que les cinq compartiments de dimension moyenne qui
•alternent avec les grandes compositions de la voûte sont circonscrits par
des cadres simulés aux angles desquels des figures nues sont assises.
Ces figures sont prodigieuses : elles n’ont pas de signification allégo-
rique ; elles constituent un des éléments, et le plus hardi, du décor
d’ensemble. Elles sont là pour le plaisir des yeux et surtout pour faire
fuir les tableaux qu’elles encadrent. Par un parti pris qui les sépare des
personnages humains, elles se colorent des tons du cuivre roux ou du
bronze à la patine fauve. Dans le plan de l’inventeur, ces figures sont
des statues, mais des statues mouvementées et presque vivantes qui, vues
d’en bas, présentent des raccourcis de la plus belle audace et un mer-
veilleux relief. Elles seraient de ronde bosse — comme celles qu’on a
sculptées plus tard aux plafonds du temps de Louis XIII — qu’elles
n’accuseraient pas pour le regard de saillies plus illusionnantes.

Mais il y a encore bien d’autres splendeurs à la voûte de la chapelle
Sixtine.

En approchant des murailles latérales qui les supportent, les surfaces
 
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