GAZETTE DES BEA EX-ARTS.
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cessiyement abrités clans leurs galeries. Trois personnages, deux hommes
et une femme, jouant et buvant autour d’une table, voilà tout le tableau;
l’intérêt n’est pas dans le sujet, il faut le chercher dans la transparence
du coloris et la préciosité du faire qui reste hardi et large dans la
minutie. Ostade n’avait pas encore inventé l’art dépolir la peinture.
VIntérieur rustique vient de la collection Pereire; il a été gravé par
Courtry. Quatre personnages sont groupés autour d’une table avec tout
ce qu’il faut pour boire et pour fumer; sur la droite, un jeune garçon
initie sa petite sœur aux douceurs de la canette : instruction gratuite,
obligatoire et laïque à la façon hollandaise. La lumière se joue gaiement
dans cette fête de famille, accrochant ses rayons de ci de là aux nombreux
ustensiles de cuisine suspendus autour de la chambre.
La Ilalte clés voyageurs} d’Isaac Ostade, est un des meilleurs ouvrages
de ce maître, qui n’a eu qu’un tort, celui d’être le frère d’un grand
homme ; il provient de la galerie du baron de Brienen, et lors de la
vente il a atteint le prix respectable de 32,000 francs. Ce beau tableau
a une hauteur de 63 centimètres sur 85 de large; proportions tout à
fait insolites, car Isaac Ostade aimait à enfermer ses œuvres dans des
cadres plus restreints.
Le sujet représente un groupe de personnages de distinction voya-
geant avec tout le luxe et le confortable de l’époque, c’est-à-dire dans
un chariot attelé de deux chevaux, l’un blanc, l’autre brun.
Le peintre désireux avant tout de varier les attitudes en multipliant
les épisodes, a groupé dans une amusante simultanéité des actes qui,
de fait, sont toujours successifs. Ainsi les voyageurs ont-ils eu à peine
le temps de s’apprêter à descendre du chariot, que déjà les chevaux ont
le nez plongé dans la mangeoire de bois, et qu’un valet s’empresse à
leur donner à boire. Le gentilhomme, encore assis, tient à la main la
pièce de monnaie qu’implore humblement le traditionnel mendiant au
feutre graisseux. En avant, des enfants bien sages causent entre eux, et
une mère guide les premiers pas du dernier venu, avec une indifférence
sereine, comme si l’arrivée de ces hôtes de distinction, n’était pas un
fait de la plus haute importance ; mais le plus étonnant est que le maître
d’une auberge si bien tenue, écoute avec la plus grande attention, ou-
blieux de ses casseroles, les mélodies d’un joueur de vielle. Il y a cinq
ou six tableaux de genre dans ce beau tableau : Ostade a accompli ce
miracle de les si bien relier l’un à l’autre par l’harmonie de la couleur et
Lhabile distribution de la lumière, qu’en réalité la scène est une, remplie
de mouvement et de gaieté. Les figures sont traitées à petits coups d’un
pinceau large et fin en même temps, le pinceau de la famille Ostade;
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cessiyement abrités clans leurs galeries. Trois personnages, deux hommes
et une femme, jouant et buvant autour d’une table, voilà tout le tableau;
l’intérêt n’est pas dans le sujet, il faut le chercher dans la transparence
du coloris et la préciosité du faire qui reste hardi et large dans la
minutie. Ostade n’avait pas encore inventé l’art dépolir la peinture.
VIntérieur rustique vient de la collection Pereire; il a été gravé par
Courtry. Quatre personnages sont groupés autour d’une table avec tout
ce qu’il faut pour boire et pour fumer; sur la droite, un jeune garçon
initie sa petite sœur aux douceurs de la canette : instruction gratuite,
obligatoire et laïque à la façon hollandaise. La lumière se joue gaiement
dans cette fête de famille, accrochant ses rayons de ci de là aux nombreux
ustensiles de cuisine suspendus autour de la chambre.
La Ilalte clés voyageurs} d’Isaac Ostade, est un des meilleurs ouvrages
de ce maître, qui n’a eu qu’un tort, celui d’être le frère d’un grand
homme ; il provient de la galerie du baron de Brienen, et lors de la
vente il a atteint le prix respectable de 32,000 francs. Ce beau tableau
a une hauteur de 63 centimètres sur 85 de large; proportions tout à
fait insolites, car Isaac Ostade aimait à enfermer ses œuvres dans des
cadres plus restreints.
Le sujet représente un groupe de personnages de distinction voya-
geant avec tout le luxe et le confortable de l’époque, c’est-à-dire dans
un chariot attelé de deux chevaux, l’un blanc, l’autre brun.
Le peintre désireux avant tout de varier les attitudes en multipliant
les épisodes, a groupé dans une amusante simultanéité des actes qui,
de fait, sont toujours successifs. Ainsi les voyageurs ont-ils eu à peine
le temps de s’apprêter à descendre du chariot, que déjà les chevaux ont
le nez plongé dans la mangeoire de bois, et qu’un valet s’empresse à
leur donner à boire. Le gentilhomme, encore assis, tient à la main la
pièce de monnaie qu’implore humblement le traditionnel mendiant au
feutre graisseux. En avant, des enfants bien sages causent entre eux, et
une mère guide les premiers pas du dernier venu, avec une indifférence
sereine, comme si l’arrivée de ces hôtes de distinction, n’était pas un
fait de la plus haute importance ; mais le plus étonnant est que le maître
d’une auberge si bien tenue, écoute avec la plus grande attention, ou-
blieux de ses casseroles, les mélodies d’un joueur de vielle. Il y a cinq
ou six tableaux de genre dans ce beau tableau : Ostade a accompli ce
miracle de les si bien relier l’un à l’autre par l’harmonie de la couleur et
Lhabile distribution de la lumière, qu’en réalité la scène est une, remplie
de mouvement et de gaieté. Les figures sont traitées à petits coups d’un
pinceau large et fin en même temps, le pinceau de la famille Ostade;