MICHEL-ANGE CHALLE.
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positions à la bibliothèque de l’Opéra, fut surtout célèbre par ses ouvrages
d’art nautique. Le musée du Louvre possède un vaste album qui s’intitule :
Représentation des vaisseaux construits par ordre de Louis XIV, Roy de
France, sous le ministère de Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay
sur les desseins de Charles Lebrun premier peintre du roy, dessinez et
mesurez exactement par Jean Rerain. On y voit les coupes et pro -
jets du Soleil royal, du Furieux, deV Apollon, du Fortuné, de Y Aquilon,
du Fort, du Prompt, du Brillant, de Y Aimable, du Fidel, du Fleuron :
tous dessins du fini le plus surprenant.
Le successeur de Berain, Juste-Aurèle Meissonnier, était né à Turin
en 1693. « 11 réunissait, dit l’abbé de Fontenay, plusieurs talents qui
l’ont distingué. 11 étoit peintre, dessinateur, sculpteur, architecte, et sur-
tout excellent orfèvre. Tous ses ouvrages portent l’empreinte d’un génie
heureux, d’une imagination féconde, d’une exécution facile, d’un goût
vrai et formé sur la noble simplicité de l’antique. Son mérite seul lui fit
obtenir le brevet d’orfèvre du roi et la place de premier dessinateur du
cabinet de Sa Majesté. » (.Dictionnaire des Artistes, par l’abbé de Fontenay,
1776, in-12, tome II, page 107). Ses œuvres sont surtout des modèles
de meubles et d’orfèvrerie ; on ne cite de son talent de statuaire que le
tombeau de Jean-Victor de Basenval, érigé dans l’église de Saint-Sulpice
et disparu de nos jours.
Les nombreux dessins de Meissonnier, de même que ceux de Berain,
sont dispersés dans des collections d’amateurs. MM. de Goncourt, Carré,
Bérard, Lesoufacher, Destailleur, Foule, en comptent un grand nombre
dans leurs portefeuilles. Ils sont d’ordinaire à la plume, lavés d’encre de
chine, ou à la sanguine..
Ces trois dessinateurs du cabinet remplissent à eux seuls un siècle en-
tier. Juste-Aurèle meurt en 1750, et le roi nomme successivement à la
place que les morts laissent vacante les trois frères Slodtz, desquels nous
avons eu occasion de parler dans un autre travail.
Michel-Ange Challe leur succède.
Le Nécrologe des hommes célèbres, qui lui fait les honneurs d’une
biographie plus étendue que celle de Boucher son maître, place sa nais-
sance au 18 mars 1718, à Paris.
Pendant trois années, le jeune Michel-Ange se consacre aux études
d’architecture, puis, à l’issue d’un cours de perspective qu’il suivait à l’Aca-
démie, il se sent un invincible attrait pour la peinture. Un religieux domi-
nicain le prend à son école et dix-huit mois après le fait passer dans celle
de Lemoine. Ce maître trop impressionnable se tue à peu de temps de là,
et Challe devient disciple de Boucher. On l’engage à disputer le prix de
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positions à la bibliothèque de l’Opéra, fut surtout célèbre par ses ouvrages
d’art nautique. Le musée du Louvre possède un vaste album qui s’intitule :
Représentation des vaisseaux construits par ordre de Louis XIV, Roy de
France, sous le ministère de Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay
sur les desseins de Charles Lebrun premier peintre du roy, dessinez et
mesurez exactement par Jean Rerain. On y voit les coupes et pro -
jets du Soleil royal, du Furieux, deV Apollon, du Fortuné, de Y Aquilon,
du Fort, du Prompt, du Brillant, de Y Aimable, du Fidel, du Fleuron :
tous dessins du fini le plus surprenant.
Le successeur de Berain, Juste-Aurèle Meissonnier, était né à Turin
en 1693. « 11 réunissait, dit l’abbé de Fontenay, plusieurs talents qui
l’ont distingué. 11 étoit peintre, dessinateur, sculpteur, architecte, et sur-
tout excellent orfèvre. Tous ses ouvrages portent l’empreinte d’un génie
heureux, d’une imagination féconde, d’une exécution facile, d’un goût
vrai et formé sur la noble simplicité de l’antique. Son mérite seul lui fit
obtenir le brevet d’orfèvre du roi et la place de premier dessinateur du
cabinet de Sa Majesté. » (.Dictionnaire des Artistes, par l’abbé de Fontenay,
1776, in-12, tome II, page 107). Ses œuvres sont surtout des modèles
de meubles et d’orfèvrerie ; on ne cite de son talent de statuaire que le
tombeau de Jean-Victor de Basenval, érigé dans l’église de Saint-Sulpice
et disparu de nos jours.
Les nombreux dessins de Meissonnier, de même que ceux de Berain,
sont dispersés dans des collections d’amateurs. MM. de Goncourt, Carré,
Bérard, Lesoufacher, Destailleur, Foule, en comptent un grand nombre
dans leurs portefeuilles. Ils sont d’ordinaire à la plume, lavés d’encre de
chine, ou à la sanguine..
Ces trois dessinateurs du cabinet remplissent à eux seuls un siècle en-
tier. Juste-Aurèle meurt en 1750, et le roi nomme successivement à la
place que les morts laissent vacante les trois frères Slodtz, desquels nous
avons eu occasion de parler dans un autre travail.
Michel-Ange Challe leur succède.
Le Nécrologe des hommes célèbres, qui lui fait les honneurs d’une
biographie plus étendue que celle de Boucher son maître, place sa nais-
sance au 18 mars 1718, à Paris.
Pendant trois années, le jeune Michel-Ange se consacre aux études
d’architecture, puis, à l’issue d’un cours de perspective qu’il suivait à l’Aca-
démie, il se sent un invincible attrait pour la peinture. Un religieux domi-
nicain le prend à son école et dix-huit mois après le fait passer dans celle
de Lemoine. Ce maître trop impressionnable se tue à peu de temps de là,
et Challe devient disciple de Boucher. On l’engage à disputer le prix de