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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Mantz, Paul: Rubens, 9
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0042

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RUBENS.

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improvisations merveilleuses suffiraient à classer Rubens parmi les plus
grands maîtres. L’esprit y abonde, et l’invention facile, et le bonheur, et
la science. Ces grisailles blondes, relevées çà et là de notes colorées,
sont d’une légèreté de travail inimaginable : c’est le sylphe aérien qui
passe sur les fleurs et les caresse sans les toucher. £t quels auto-
graphes ont jamais été plus authentiques et plus éloquents! Rubens est
tout entier dans ces esquisses, et il y est seul.

Il n’en est pas de même des tableaux. Ce n’est plus Rubens qui tient
le pinceau, ou du moins il n’est plus l’unique traducteur de sa pensée. On
lit partout que le maître' fut largement aidé dans ce grand travail : les
œuvres, dont l’inégalité est frappante, justifient la tradition. Notons ce-
pendant que, dans presque toutes les pages du poème, sa main reste
visible et que la présence du chef d’orchestre se révèle toujours. Durant
plus de trois années, de 1622 au commencement de 1625, Rubens s’oc-
cupa sans cesse de la galerie promise à Marie de Médicis. C’est à titre
exceptionnel et pour quelques semaines qu’on le voit à de rares inter-
valles prendre un peu de vacances et se distraire à d’autres besognes.
Nous aurons à dire un mot de certaines œuvres exécutées pendant cette
période, mais nous aimons mieux ne pas interrompre le récit commencé
et poursuivre jusqu’au bout l’histoire des peintures qu’attendait le Luxem-
bourg.

On a vu par une des lettres de Peiresc (7 mars 1622) que Rubens,
après avoir pris ses mesures au palais de Marie de Médicis, était retourné
à Anvers. Il ne devait revenir à Paris que lorsqu’il aurait achevé huit ou
dix tableaux. Avec un tel travailleur, les choses ne pouvaient se passer
que de la façon la plus correcte. A la fin de mai 1623, Rubens a terminé
neuf de ses compositions ; il quitte alors son atelier, et il vient montrer
à la reine comment les bons ouvriers d’Anvers entendent la peinture.

C’est encore le fidèle Peiresc qui nous apprend l’arrivée de son illustre
ami. Le 2 juin, il écrit à Aleander « Ilabbiamo qui il sigr Rubbenio,
che ha portato note quadri délia galeria délia Uegina madré, che con-
tengono delle principali atLioni délia vita sua in dissegni nobilissimi
fatti ail' an tiqua, che si fanno ammirar da ogniuno 1 ». Ainsi ces pre-
miers tableaux furent vus par quelques privilégiés. Cette exposition, sans
doute fort restreinte, n’était pas conforme au programme, car le 9 mai
Claude Maugis avait mandé à Rubens : « La Royne... trouve bon que vous
veniez en cette ville pour y tendre vos tableaux sur les châssis et les faire
mettre dans une chambre où personne n’entre, de laquelle j’auray la

1. Eugène Miintz. Courrier de l'Art, 21 septembre 1882.
 
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