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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Chennevières, Henry de: Les donations et les acquisitions du Louvre depuis 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0062

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56

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sole un peu de la séparation finale, car ils savent tout l’honneur réservé
aux donations. Chaque dix ans, le nombre des bienfaiteurs du Louvre
s’accroît, et il s’accroîtra encore, au point de rendre difficile l’exposition
matérielle de tous les lots offerts. En effet, ce Louvre, cru si vaste et si
vaste dans la vérité, contient à grand’peine les chefs-d’œuvre et les raretés
de ses diverses conservations ; et l’on n’attend pas sans impatience le dé-
part des bureaux du préfet de la Seine, afin d’étendre au pavillon de
Flore la suite de nos galeries. Mais les présents considérables des ama-
teurs ne suffiraient pas, malgré leur fréquence, à combler certaines la-
cunes, si le Conservatoire ne disposait d’un budget annuel pour des
acquisitions. Une somme de cent cinquante mille francs, répartie entre
sept conservateurs principaux, permet de ne pas laisser échapper les me-
nues occasions courantes, et l’on essaye avec ce modique appoint d’af-
fronter les grandes ventes européennes. Ces acquisitions du Louvre sont
les seuls actes publics des conservateurs, tous gens d’étude volontaire-
ment confinés d’ordinaire dans la rédaction de catalogues nouveaux ou
dans la bonne gestion de leur département. Aussi rivalisent-ils de flair,
de goût pour découvrir des œuvres capables de les recommander auprès
des connaisseurs sérieux. A une heure troublée de l’administration des
beaux-arts, on rêva d’établir au Louvre une Commission des acquisi-
tions : si ce projet avait pris forme, il eût été difficile à un galant homme
d’accepter le titre ou de continuer les fonctions de conservateur. Sous le
prétexte d’un contrôle nécessaire, libéral, voulu par l’opinion, des ama-
teurs suspects, des marchands de tableaux (oui, des marchands!) se glis-
saient dans le Louvre, avec le dessein d’imposer leurs préférences ou
d’écouler leurs marchandises. La place prise d’assaut par un bon arrêté
ministériel, on aurait fait main basse sur les prérogatives des conserva-
teurs, on les eût dépouillés du droit d’initiative, ou du moins des votes
dûment homologués seraient venus combattre chacune de leurs proposi-
tions. Cette commission était, sous un déguisement habile, un véritable
comité de défiance. Or il n’est permis à personne de suspecter les con-
naissances ni le goût des conservateurs du Louvre, à moins d’arguments
décisifs. Comment! un jeune homme entre au Louvre avec le litre d'at-
taché, il étudie, compare, voyage, il s’affine l’œil, il apprend les maîtres,
il fait ses preuves; après vingt années de travail, il occupe un siège de
conservateur, et vous doutez de sa compétence spéciale, et vous voulez
le faire tenir en laisse par des intrus, dépourvus assurément d’une telle
éducation! Dans les choses de l’art, les opinions inconsistantes de trente
délégués officiels ne vaudront jamais le sentiment éclairé d’un conserva-
teur. Le public juge moins désobligeamment les conservateurs du Musée :
 
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