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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 1
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Chennevières, Henry de: Les donations et les acquisitions du Louvre depuis 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0068

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62

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

portrait eût payé les consultations de toute une Faculté. L’expert Féral
nous vendit le Lazzerini 1,500 francs. Mademoiselle Boimard provient
de la vente du peintre Lehmann. Le visage de cette jeune fille est modelé
avec une délicatesse inouïe et avec une insaisissable légèreté de main :
c’est la fleur, le souille du crayon d’Ingres. A la même vente Lehmann, où
Mademoiselle Boimard se cotait 5,000 francs, le musée choisissait une
Étude de bras destinée à l’Antiochus de la Stratonice.

Avec ces trois Ingres, M. de Tauzia acquérait de M. E. Chesneau huit
croquis de Pagnest. Pauvre Pagnest, pauvre grand oublié, vous êtes mort
trop jeune, vous avez laissé des chefs-d’œuvre trop peu nombreux pour
forcer l'attention des indifférents! 11 y avait en vous le génie d’un por-
traitiste de haute race et vous seriez devenu l’égal de Gérard ou même
son vainqueur. 11 était de toute justice de faire entrer au Louvre ces des-
sins de Pagnest afin d’y expliquer plus profondément la nature de cet
habile homme disparu à vingt-huit ans. Par un hasard heureux, nos
croquetons à la plume sur papier végétal furent les premières pensées
des portraits de M. de Nanteuil et du comte de Pradel. Voilà donc deux
ouvrages de Pagnest commentés par ces griffonnis sommaires. L’un d’eux
est même sauvé de l’oubli, car le portrait du comte de Pradel ne fut point
achevé, et sauf l’ébauche de la tête précieusement conservée dans la fa-
mille du dignitaire de la Restauration, rien ne rappellerait cette œuvre
du malheureux artiste, si ces dessins avaient disparu.

Au mois d’avril de Fan dernier, un chanoine de Versailles, M. l’abbé
Gallet, proposait au Louvre une bien attrayante série de crayons. L’abbé
Gallet fut vicaire d’une des grandes paroisses de Paris et l’on en aurait
fait un évêque, s’il avait eu le tempérament moins impressionnable.
11 tenait d’un vieux parent un plein carton de sanguines attribuées juste-
ment au pastelliste-miniaturiste Liotard. Ce nom d’artiste suisse ne
figurait pas sur nos inventaires : aussi M. de Tauzia s’empressa-t-il d’ac-
quérir le lot de l’abbé Gallet. C’est une suite de trente petits feuillets
d’environ vingt centimètres de hauteur représentant des hommes et des
femmes du Levant. 11 y a là des brodeuses de Constantinople, des Circas-
siens, des femmes de l’île de Scio, des jeunes filles de l’île de Paros, des
nains, des personnages de la cour du Grand-Seigneur; on rencontre
encore le portrait de M. Péleran, consul de France à Smyrne en 1738,
le portrait enturbanné du célèbre comte de Bonneval, devenu Achmet
pacha. Ce sont, sans aucun doute, les pages d’un livret de notes, d’un
album de voyage. Et, en effet, jamais artiste du xviii0 siècle n’aura voyagé
comme Liotard. Il parcourut toute l’Europe, séjourna dans toutes les
cours, voulut voir tous les pays. C’était un fantasque, un chercheur de
 
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