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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 1
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Bonnaffé, Edmond: Gay, Victor, Le glossaire archéologique du Moyen Âge et de la Renaissance: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0091

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

conopée, qu’il traduit par a canopie, a Tent, a Pnvilion. Du Cange men-
tionne même cavapeum dans le sens de dais, et cite à ce propos un texte
du xive siècle, en ajoutant : « Nostris, canapé. » Ainsi le mot a signifié
d’abord le dais placé sur un siège à deux places, puis le siège avec son
dais, enfin le siège tout seul.

Au sujet du bahut « coffre généralement voûté, couvert de cuir et
destiné aux transports », M. Gay critique avec raison l’opinion courante
qui appelle invariablement bahut tout meuble ancien, qu’il soit armoire,
dressoir ou buffet. L’ignorance et l’argot des marchands font circuler de
la sorte une foule d’expressions vicieuses; elles finissent par s’introduire
dans la langue et l’on a toutes les peines du monde à les mettre à la
porte. Un expert, embarrassé pour qualifier les peintures sous verre, si
fréquentes au moyen âge et à la Renaissance, se rappelle qu’un de ses
prédécesseurs du xvtii6 siècle, le sieur Glomy, était renommé pour l’enca-
drement sous verre des dessins, et notre homme baptise résolument ces
vieilles peintures du nom de verres églomisês; encore un barbarisme qui
court le monde. Les mots vulgaires de bibelots et de bibelotiers se sont
naturalisés, on ne sait comment, dans le meilleur monde et sont en train
d’y faire leur chemin ; or voulez-vous « sçavoir ce que c’est qu’un bibe-
lotier? dit un vieil auteur : c’est un faiseur et mouleur de petites images
de plomb qui se vendent aux pèlerins et autres; » et il ajoute dédaigneu-
sement : « Cela est uni aux miroitiers. » Tous les jours, nous entendons
appeler crèdeuces des dressoirs, stalles des chaires à haut dossier, gobe-
lirts des tapisseries de la Renaissance et byzantins des objets qui n’ont
aucun rapport, ni de près ni de loin, avec Byzance. Menues erreurs, si
l’on veut, mais qui deviennent à la longue, en se multipliant, de gros
mensonges historiques. Encore si l’on en restait là ; mais les romanciers
et les poètes se mettent de la partie; un fait isolé, une singularité psy-
chologique, un accident frappe leur imagination ; ils l’exploitent, en font
un trait de mœurs, un usage national et, la crédulité populaire aidant,
le public finit par se créer des ancêtres de convention, brutaux, mal éle-
vés, de mœurs étranges ou grotesques. Certes, le moyen âge n’est pas
tendre, les passions y sont rudes, prime-sautières, les caractères solides,
résistants, fortement charpentés, comme les bâtiments, les meubles et
le costume; ce n’est pas une raison pour lui prêter des raffinements de
sauvages. Défions-nous à priori des poires d’angoisse, surtout quand
elles sont élégamment ornées d’arabesques, des ceintures de chasteté,
que l’Allemagne fabrique avec une réelle supériorité pour les délices de
certains collectionneurs, et des oubliettes du vieux château qui ne sont,
le plus souvent, que d’anciennes latrines.
 
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