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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Mély, Fernand de: Les origines de la céramique italienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0122

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LES ORIGINES DE LA CÉRAMIQUE ITALIENNE.

comme l’Egypte, les peintures murales n’avaient pas à souffrir des intem-
péries des saisons; mais la Perse, avec ses neiges et son climat, n’au-
rait pu protéger ses fresques extérieures; elle avait dû songer à les
remplacer par des peintures inaltérables, et c’est la céramique, avec ses
tons merveilleux, qu’elle sut approprier à l’ornementation de ses palais.
L’Italie en fit de même, et dès que la faïence émaillée apparaît chez
elle, c’est au frontispice des monuments, aux murailles de ses églises
qu’elle va placer les premiers résultats de ses travaux.

La décoration céramique de Santa-Cecilia a soulevé bien des discus-
sions. Les uns y voient des trophées guerriers rapportés par les Pisans
de leurs guerres contre les Orientaux; les autres, un produit céramique
découvert dans le pays; de là naissent deux questions importantes, qui,
résolues, éclaireraient d’un nouveau jour les origines de la majolique.
L’histoire d’Espagne nous fournit quelques renseignements : elle nous
apprend que, dès les temps anciens, Pise était le port italien où les
Maures d’Espagne envoyaient de Munisses des faïences belles et élégantes
en échange de celles d’Italie (Ercolano). S’il y avait échange, c’est que
les deux faïences étaient différentes, sans cela on se demande le motif
qui aurait pu pousser deux nations voisines à trafiquer de produits simi-
laires. Nous parlons ici du xive siècle, et Santa-Cecilia date du com-
mencement du xiip siècle : les plaques émaillées y furent placées comme
ornementation au moment de la construction ; il y a donc là une création
personnelle sans aucun rapport avec les produits des îles Baléares.
M. Drury Fortnum, le savant céramiste archéologue anglais, croit que ces,
disques sont le produit d’une décoration inventée dans le pays même.
Inventée, je ne puis le croire, puisque déjà, dans le xie siècle, nous
voyons, dans la Pouille, des baccini incrustés dans l’église de Lucera :
fabriquée dans le pays, nous serons d’accord : nous traiterons tout à
l’heure ce point intéressant. Quant à être des trophées de guerre enle-
vés chez les Arabes, un seul fragment des poteries de Pise porte un carac-
tère persan et non arabe ; il montre justement la différence qui sépare
le produit oriental des pièces voisines fabriquées dans le pays, puisqu’il
est possible de le reconnaître et de lui donner une origine certaine.

Mais comment se fait-il que nous trouvions à Pise, au xme siècle, un
fragment persan, et d’où provient-il? Nous rentrons dans le domaine de
l’histoire. Du xe au xne siècle, la rivalité de Pise et de Gênes occupe bien
des pages des annales guerrières de l’Italie. Partout où elles se rencon-
trent, ces deux villes, en luttes continuelles, cherchent à se détruire
mutuellement ; en Italie, sur mer, dans leurs colonies, leurs armées,
leurs Hottes, leurs couvents, la véritable force coloniale, se poursuivent

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A , IX. - 2° PÉRIODE.
 
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