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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Courajod, Louis: Le buste de Pierre Mignard: du musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0168

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158

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Un an après la mort de Mignard, une décision judiciaire, tranchant un
procès pendant entre ses héritiers, arrêta, en 1696, que le buste recueilli
dans la succession paternelle par Catherine Mignard serait placé dans
l’église Saint-Koch , au-dessus du tombeau du peintre. Car il a été très
bien établi, dans les Nouvelles archives de l’art français, que Mignard
eut deux tombeaux et reposa d’abord à Saint-Roch avant d’être transféré
aux Jacobins de la rue Saint-Honoré. Il est donc probable que, postérieu-
rement à 1696 et antérieurement à 1726, le buste de marbre de Desjar-
clins fut placé au-dessus de l’épitaphe en marbre posée sur le tombeau de
Mignard. J’ai tort d’être aussi affirmatif; je devrais dire, en parlant de
cette sculpture : un buste de marbre réputé judiciairement être le buste
de Desjardins. Car si, comme il est vraisemblable, la décision judiciaire
fut exécutée, une expertise n’a pas établi que le marbre consacré au mau-
solée ait été indiscutablement l’œuvre de Desjardins. La substitution
d’une œuvre similaire avait fort bien pu être faite, et nous constaterons
précisément tout à l’heure qu’il y avait, dans la succession de Mignard, au
moins deux bustes qui le représentaient et qui se prêtaient à un mutuel
remplacement de l’un par l’autre. Cependant, sans que nous voulions
trancher la question de savoir quel était l’auteur, comme exécutant, du
buste exposé de 1696 à 1726 à Saint-Roch, il est certain que ce buste, à
tort ou à raison, était regardé comme l’œuvre de Desjardins, et nous ver-
rons les conséquences de cette croyance appuyée sur des décisions judi-
ciaires. L’opinion publique ne voulut pas en démordre. Tous les auteurs
en dehors de ceux qui appartenaient à l’académie de peinture, depuis
Germain Brice et Piganiol jusqu’à Millin, ont répété à satiété que le buste
du tombeau de Mignard, qu’il fut à Saint-Roch ou aux Jacobins de la
rue Saint-Honoré, était de Desjardins.

Cette affirmation cependant était, au moins depuis d 726, absolument
inexacte. En effet, nous avons déjà dit que l’auteur de la Vie des pre-
miers peintres} admirablement bien informé1, avait pu recueillir de
Mme de Feuquières en personne, l’assurance que le buste donné par elle
en 1726 à l’académie était bien celui de Desjardins. Donc, ce buste
n’avait pu ni rester à Saint-Roch ni, postérieurement à 1726, passer aux
Jacobins de la rue Saint-Honoré. De plus, les vieillards de l’académie
avaient pu et dû connaître le portrait et l’œuvre de leurs anciens con-

On lit dans la « réponse de M. Covpel, directeur, à M. le comte de Caylus, au
sujet de la vie de M. Mignard » (Nouvelles archives de VArt français, 1re série,
t. III, p. 39) : « Oui, vous venez de nous peindre, monsieur, M. Mignard, de manière
que quelques-uns de ces messieurs qui ont été en commerce avec lui, croyaient le
revoir... » Séance de l’Académie du 6 mars 1731.
 
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