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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Chennevières, Henry de: Exposition de l'art du XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0181

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EXPOSITION DE L’ART DU XVIIIe SIÈCLE.

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porte une perruque longue, «naturelle et claire», comme eût dit Ter-
ret, le perruquier poudreur à la mode, et il a tout l’air d’un curieux de
musique venu aux champs pour distraire son après-dinée.

D’ailleurs, un 'violon du roi n’eut jamais tant d’esprit dans les yeux.
Les lestesses de pinceau de cette toile ressemblent à des audaces de
coloriste et la fraîcheur des tons est d’une pureté rare. Tout auprès de
ce Violoncelliste de Lancret, et se touchant cadre à cadre, se voit un
portrait du Régent attribué par le catalogue à Largillière. Ni le person-
nage ni le peintre ne paraissent assez suffisamment prouvés pour con-
vaincre les visiteurs défiants, et ne serait-il pas plus vraisemblable
d’écrire le nom de Tournière au bas de cette portraiture allégorique, où
un joli homme, un roué d’importance, se tient debout, vêtu comme un
berger antique, mais conservant la perruque à cadenettes, même dans
son dépouillement champêtre. Il y a inscrits au livret des Largillière plus
authentiques, les portraits de De Troy} du Fondeur Relier, d’un Ma-
gistrat, d’unq Femme en costume de Diane. Puis, de Rigaud, Louis XV
enfant} une Femme avec un enfant. Incomparables portraitistes, ces deux
peintres ! Us eurent le vrai génie du genre, l’œil pénétrant, la disposition
savante et souple, la légèreté de l’outil. Jamais depuis eux l’on n’a su
mettre en scène plus ingénieusement une physionomie d’homme, car
aucune époque n’offrit comme la leur l’occasion de déployer le luxe de
toutes les parures extérieures. Le portrait de Mme de Pompadour} par
Boucher, vu et revu maintes fois déjà, intéresse faiblement ici. Au reste,
il faut souhaiter aux malheureux enthousiastes de Boucher une visite
salutaire, salle Petit; ils expieront là et déploreront leur amour inconsi-
déré. On trouverait rarement, en effet, un assemblage de Boucher plus
médiocres, et les Boucher médiocres sont lamentables! Cela n’est ni
inventé, ni torché, ni troussé. Or, si Boucher n’est plus l’esprit, Boucher
n’existe pas; l’esprit seul le rend supportable, et il défend, à force de
grâce, brillante, son factice et sa convention. Ici, rien de cet agrément
superficiel. À peine un Atelier de peintre rappelle-t-il, par ses touches
familières, un amusant panneau de la salle Lacaze au Louvre. Le Poète
Piron de Tocqué, la Marquise de Champcenetz de Greuze1, le Baron de
Breteuîl de L.-M. Vanloo, la Duchesse de Polignac et la Vicomtesse de
Virieu de Mme Vigée-Lebrun terminent la suite des portraits dignes de
remarque.

Les tableaux de genre, dépourvus de l’intérêt au moins historique de
ces portraits, ne méritent pas autant l’attention. Néanmoins plusieurs

\. Voir la gravure de M. Morse, Gazette, t. XV, 2e période, p. 467.
 
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