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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Chennevières, Henry de: Exposition de l'art du XVIIIe siècle
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172

GAZETTE DES BEAGX-ARTS.

arrêtent les curieux par une certaine intensité de coloration; ainsi Y lie
enchantée et la Rêveuse de Watteau, le Guignol, Y Escarpolette et la
Pièce d’eau de Fragonard, ainsi deux Haltes de camp de Pater. Chardin
et Greuze pourraient avoir un meilleur étalage; pourtant la Savonneuse, la
Tricoteuse, la Pelotonneuse, le Baiser paraissent suffisamment estimables.
Un peintre de second plan, un petit maître bien sec, bien roide, bien
peu connu surtout, Nicolas Lépicié, sera peut-être le seul à tirer de cette
exposition un avantage appréciable, car sur huit études de sa main, trois
sont de vrais morceaux, le Médecin, le Joueur de basse, le Nourrisson,
et une quatrième semble une révélation. On n’avait pas accoutumé de
voir Lépicié poursuivre résolument la nature, comme il le fait dans un
panneau où des Têtes d’enfants émergent vivantes et souriantes. A en
juger par ces Têtes vues et ébauchées chaudement, la peinture d’ordi-
naire si froide de cet artiste n'était pas l’effet de son esprit mais de ses
doigts. Entre ses croquis alertes et ses mornes compositions terminées, il
y a un contraste trop imprévu pour ne point l’attribuer au pignochage
minutieux, méticuleux, excessif et partant glacial de son procédé de
pinceau. Avec moins de pesanteur manuelle et avec un peu plus d’assu-
rance de l’œil, Lépicié aurait suivi de loin Greuze et Chardin, ses véri-
tables modèles dans le style familier; mais il exécuta trop rarement des
toiles comme celles de cette collection.

Hubert Robert a ici des Architectures et des Ruines d’une belle per-
spective décorative. Les effets de son coloris ne manquent pas de ragoût;
d’ailleurs il possédait d’excellentes recettes et il était toujours en quête
des bons marchands de couleurs. Robert faisait même venir des pays
étrangers ses provisions d’atelier. Le 27 octobre 1769, il écrivait à
Michel Hennin, résident de Louis XV à Genève : « Monsieur, je prends
la liberté de m’adresser à vous pour une petite commission que voicy et
à laquelle je vous seray très obligé de vous prêter un peu. Il y a à Lo-
sanne un vieillard nommé Stupard dont les pastelles ont icy la plus
grande réputation. Il vend aussy des couleurs toutes préparées pour
estre broiées à l’huile. Un Anglois de mes amis, nommé M. Patoun, que
M. Stupard connoist, en a rapporté icy quelqu’échantillons qu’il m’a fait
essayer. J’ay trouvé les couleurs si belles et si transparentes, que j’ose
m adresser à vous qui estes sur les lieux pour m’en envoyer une petite
quantité dont je vous envoyé la liste :

Six onces de stil de grain clair,

Six onces de stil de grain obscur,

Six onces de stil de grain du plus doré ,

Six onces de terre d’Italie la plus belle ,
 
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