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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Duplessis, Georges: Illustrations pour les œuvres d'Alfred de Musset
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0188

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OEUVRES D’ALFRED DE MUSSET.

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fatiguer le graveur qui aurait accepté cette importante tâche. L’éditeur
arrêta d’abord une liste de graveurs habiles ayant déjà fait leurs preuves
et résolut, en homme sage, do ne pas prendre un parti avant d’avoir
tenté quelques essais. Le premier graveur sur lequel son choix s’arrêta
fut M. A. Lalauze ; M. Morgand confia à cet artiste quatre des aquarelles
qui lui paraissaient les plus difficiles à traduire; celui-ci, au bout de quel-
ques semaines, soumit à son éditeur des planches excellentes ; il avait su
transmettre au cuivre en même temps que l’esprit des aquarelles origi-
nales, l’aspect même de ces aquarelles ; là où le peintre avait laissé indécis
un contour ou une figure, son interprète y avait suppléé par quelques
travaux intelligents. Le graveur s’était montré respectueux de ses modèles,
mais n’avait pas poussé le respect jusqu’à l’abnégation, et en traducteur
fidèle qui ne peut, comme l’aquarelliste, user de sous-entendus, il avait
ôté souvent contraint de souligner ce qui n’était qu’indiqué. Il n’y a pas
un graveur de vignettes qui ne soit soumis à des nécessités de ce genre
et le peintre, ail lieu de s’en plaindre, doit remercier celui qui n’a trahi
ni sa pensée ni son sentiment. La question fut résolue pour M. Morgand,
le jour ou M. Lalauze lui eut remis son premier travail. Il devenait inu-
tile de frapper à d’autres portes ; en avait mis la main sur un artiste qui
comprenait admirablement les œuvres d’Eugène Lami.

Le résultat que l’on a sous les yeux prouve que M. Morgand a eu
raison de s’adresser uniquement à M. Lalauze. Si, dans les cinquante-huit
planches qui composent la suite, il y en a quelques-unes qui sont iné-
gales, s’il y en a quelques-unes qui sont absolument bien, comme les
suivantes : Frédéric, et Bernerette, la Nuit vénitienne, Marcloche, Octave,
Suzon, Idylle, Adieu Smon, Les Caprices de Marianne, Fantasio, On
ne badine pas avec l’amour, Lorenzaccio, Il faut qu’une porte soit ou-
verte ou fermée, Emmeline et Margot, il y en a, sans doute, ou qui ont
moins heureusement inspiré l’artiste ou que sa pointe a moins bien saisies ;
il n’v en a pas une seule qui soit mauvaise, il n’y en a pas une seule qui
dénote la lassitude ou le découragement. Aussi félicitons-nous très fran-
chement M. Lalauze du travail qu’il vient d’accomplir. Quoiqu’il ait déjà
beaucoup produil, il n’a probablement jamais rien fait qui fût plus diffi-
cile. Il lui a fallu une véritable force de volonté, à lui qui s’est exercé
dans la composition et qui, comme vigncttiste, a déjà sa place marquée
dans l’école contemporaine, pour s’effacer complètement devant l’œuvre
du maître à laquelle il se consacrait et pour ne se souvenir de ce qu’il
savait que juste assez pour le mettre au service d’autrui.

GEORGES DUPLESSIS.

XXIX. — 2® PÉRIODE.

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