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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
des quatre lignes de l'inscription, et cependant rien ne manque en apparence, à Avi-
gnon, sur la plaque dont le bas-relief est accompagné. La section de gauche, longue
de 0m,73, porte, à côté de l’écusson, les lettres suivantes, par où débutent les quatre
lignes :
S1CILVDVM REGI
T R 1 S T I A C V M GE
C E M LASSUS Q V
ME MORES QV E
La section de droite, longue également de 0,n,731 2, est chargée des lettres suivantes
composant la fin des lignes :
CE RNIS
RE C R V
IST1COLE
XXXI
Elle se termine par un autre écusson dont nous avons déjà parlé, semblable en
apparence au premier, mais beaucoup plus distant de la dernière lettre de chaque
ligne.
A cause de l’état dans lequel se présente aujourd’hui le retable d’Avignon, mon
inquiétude était, on en conviendra, fort naturelle. Bien qu’avant 1828 le talent des
faussaires ne fût pas excessivement redoutable, la bonne foi de Révoil avait-elle été
surprise? Les odieuses peinture, dorure et argenture modernes qui avaient déjà fait
reléguer la pièce dans une armoire, cachaient-elles un piège? Un examen attentif du
marbre d’Avignon me rassura, en me permettant de constater d’abord que toute la
partie de droite avait été refaite dans l’inscription actuelle. Le troisième morceau de
marbre n’est certainement que le produit assez maladroit d’une restauration. L’écusson
qui le termine n’est que la reproduction de celui qui forme pendant de l’autre côté.
En rentrant à Paris, la vue de notre écusson B. 12 acheva de me tranquilliser. Sem-
blable par l’aspect général aux deux écussons d’Avignon, il diffère avec eux en ce
qu’il représente, non pas le blason seul de René, mais le blason du roi associé à celui
de sa seconde femme. Le haut et le bas du monument, ainsi que toutes les parties du
marbre restées visibles, avaient de plus une excellente patine et conservaient encore
des traces de l’application du mortier qui servit jadis au scellement primitif, tandis
que les tranches de gauche et de droite portaient, au contraire, les marques d’un
sciage relativement récent.
Le monument mis en cause proclamait donc de lui-même son authenticité; mais
provenait-il réellement, comme je le supposais, de l’inscription du retable de Saint-
Didier? C’était déjà fort probable. Une épreuve cependant restait encore à tenter.
J’obtins l’autorisation de faire débarrasser le marbre de l’horrible badigeonnage qui le
recouvrait. Le bonheur a voulu que, sur le bord de gauche, la moitié des lettres S, Y,
et E, après avoir échappé à la mutilation ordonnée par Révoil pour régulariser la
cassure, fût encore apparente. Ces lettres, invisibles jusque-là, étaient remplies de
1. Pour Siculidum.
2. M. Henri de Pontmartin a bien voulu relever pour nous, sur place, toutes ces dimensions. Je le
prie d agréer 1 expression de mes remerciements pour son obligeant concours.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
des quatre lignes de l'inscription, et cependant rien ne manque en apparence, à Avi-
gnon, sur la plaque dont le bas-relief est accompagné. La section de gauche, longue
de 0m,73, porte, à côté de l’écusson, les lettres suivantes, par où débutent les quatre
lignes :
S1CILVDVM REGI
T R 1 S T I A C V M GE
C E M LASSUS Q V
ME MORES QV E
La section de droite, longue également de 0,n,731 2, est chargée des lettres suivantes
composant la fin des lignes :
CE RNIS
RE C R V
IST1COLE
XXXI
Elle se termine par un autre écusson dont nous avons déjà parlé, semblable en
apparence au premier, mais beaucoup plus distant de la dernière lettre de chaque
ligne.
A cause de l’état dans lequel se présente aujourd’hui le retable d’Avignon, mon
inquiétude était, on en conviendra, fort naturelle. Bien qu’avant 1828 le talent des
faussaires ne fût pas excessivement redoutable, la bonne foi de Révoil avait-elle été
surprise? Les odieuses peinture, dorure et argenture modernes qui avaient déjà fait
reléguer la pièce dans une armoire, cachaient-elles un piège? Un examen attentif du
marbre d’Avignon me rassura, en me permettant de constater d’abord que toute la
partie de droite avait été refaite dans l’inscription actuelle. Le troisième morceau de
marbre n’est certainement que le produit assez maladroit d’une restauration. L’écusson
qui le termine n’est que la reproduction de celui qui forme pendant de l’autre côté.
En rentrant à Paris, la vue de notre écusson B. 12 acheva de me tranquilliser. Sem-
blable par l’aspect général aux deux écussons d’Avignon, il diffère avec eux en ce
qu’il représente, non pas le blason seul de René, mais le blason du roi associé à celui
de sa seconde femme. Le haut et le bas du monument, ainsi que toutes les parties du
marbre restées visibles, avaient de plus une excellente patine et conservaient encore
des traces de l’application du mortier qui servit jadis au scellement primitif, tandis
que les tranches de gauche et de droite portaient, au contraire, les marques d’un
sciage relativement récent.
Le monument mis en cause proclamait donc de lui-même son authenticité; mais
provenait-il réellement, comme je le supposais, de l’inscription du retable de Saint-
Didier? C’était déjà fort probable. Une épreuve cependant restait encore à tenter.
J’obtins l’autorisation de faire débarrasser le marbre de l’horrible badigeonnage qui le
recouvrait. Le bonheur a voulu que, sur le bord de gauche, la moitié des lettres S, Y,
et E, après avoir échappé à la mutilation ordonnée par Révoil pour régulariser la
cassure, fût encore apparente. Ces lettres, invisibles jusque-là, étaient remplies de
1. Pour Siculidum.
2. M. Henri de Pontmartin a bien voulu relever pour nous, sur place, toutes ces dimensions. Je le
prie d agréer 1 expression de mes remerciements pour son obligeant concours.