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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Courajod, Louis: Un fragment du retable de Saint-Didier d'Avignon sculpté par Franceso Laurana: au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0198

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FRAGMENT DU RETABLE DE SAINT-DIDIER D’AVIGNON. 187

plâtre et couvertes de peinture. Elles forment précisément la fin des lignes de l’in-
scription originale 1, et elles correspondent par leurs dimensions (45 millimètres) et
leur écartement aux trois premières lignes du corps principal de l’inscription. Quant
à la quatrième lettre qui semblerait nécessaire pour répondre à la quatrième ligne,
elle n’apparaît pas sur le marbre du Louvre, par la raison que cette quatrième ligne
était plus courte, comme on peut le constater dans le fac-similé, et qu’elle ne devait
pas, par conséquent, se rapprocher autant que les autres du blason qui formait l’enca-
drement. D’ailleurs, la place de cette quatrième ligne est marquée sur notre marbre du
Louvre par l’étagement des lettres, dans ce qu’on pourrait appeler la mise en pages ou
la justification de l’inscription.

Résumons-nous. L’écusson du Louvre aux armes de René d’Anjou et de Jeanne de
Laval, mesurant de 33 à 34 centimètres de haut, étant accolé à une inscription com-
posée de quatre lignes et formée de lettres de 45 millimètres de hauteur, provient
indiscutablement du retable des Célestins d’Avignon (aujourd’hui à Saint-Didier),
dont l’inscription présente des caractères absolument identiques.

Ce rapprochement laborieux des fragments divisés d’un môme ensemble, sorte de
jeu de patience, n’est pas cependant un travail de désœuvrement archéologique. Notre
recherche aura, nous l’espérons, un résultat pratique parfaitement appréciable. L’écusson
des armes du roi René est d’une jolie exécution, à la fois libre et fine. Ce n’est pas
l’ouvrage d’un héraldiste de métier, sacrifiant l’art aux lois inflexibles du blason.
Certains détails, la disposition, par exemple, des croix recroisetlëes au piecl fiché
d'or sont plus pittoresques qu’il ne conviendrait aux yeux d’un spécialiste scrupuleux
ou d’un simple ouvrier copiant ne varietur un dessin héraldique destiné à être gravé
dans le marbre.

Une interprétation d’artiste et une interprétation très personnelle se revèle dans ce
monument. Aussi il ne paraîtra pas trop téméraire d’en attribuer l’exécution, ou tout au
moins la composition, à l’auteur même du grand bas-relief de Saint-Didier dont il fait
partie. Nous savons d’ailleurs que Francesco Laurana était médailleur; et il est facile
de rapprocher de notre bas-relief circulaire quelques-uns des revers de médailles dus
aux artistes du xv° siècle. Nous proposons donc aux numismatistes et aux amateurs
de compter à l’œuvre de Laurana une pièce déplus. Seulement ce médaillon nouveau,
de grandes proportions, n’a qu’un revers, et il est de marbre. Quant au Louvre, il va
enfin posséder consciemment l’ouvrage d’un maître qui n’était pas encore représenté
dans ses galeries de sculpture italienne. Cet enrichissement ne lui aura rien coûté.
La fortune lui est venue en dormant.

LOUIS COUR A J OU.

1. Voyez le fac-similé de l'inscription.
 
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