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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Rubens, 10
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0216

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RUBENS.

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métries de la galerie de Henri le Grand ». Dès le début, ces mesures lui
avaient été envoyées par Claude Maugis. « M’ayant gouverné selon ses
ordres et fort avancé quelques pièces des plus grandes et importantes,
comme le Triumphe du roy, au fond de la galerie... le mesme mons.
l’abbé de Saint-Àmbroyse me retranche deux pieds de la haulteur des
tableaux, et aussi il hausse tant les frontispices sur les huys et portes,
qui percent en quelques endroicts les tableaux, que sans remède je suis
contrainct d’estropier, gaster et changer quasi tout ce que j’ay faict. Je
confesse que je l’ay senti fort, et plaint à mons. l’abbé... le priant, pour
ne couper la teste au roy assis sur son chariot triumphal, me faire grâce
d’un demy-pied. » Rubens ne voulait pas décapiter Henri IV. Il ajoute
que tous ces changements ne vont point sans un grand préjudice pour
l’ouvrage, dont la splendeur sera fort diminuée. Il 'avait raison ; mais,
pendant ces disputes avec l’abbé, les événements suivaient leur cours.
La situation de Marie de Médicis, depuis longtemps difficile au milieu
des intrigues qui s’entrecroisaient dans les cabinets du roi et du Cardinal,
était devenue tout à fait mauvaise. En 1631, la tragi-comédie prit fin
par le bannissement de la reine mère. Les projets de décoration du
Luxembourg furent abandonnés.

Il reste quelque chose des peintures que Rubens voulait consacrer
à la glorification de Henri IV. A ces débris, aujourd’hui dispersés, d’un
rêve qui ne se réalisa pas, on devine que l’œuvre eût été superbe et fière.
Dans l’inventaire dressé après la mort de Rubens, on voit figurer six
grandes toiles inachevées représentant des combats, des villes assiégées,
des cérémonies triomphales dont le roi est le héros. Deux de ces pein-
tures sont à Florence, au Musée des Offices. L’une est la Bataille d’Ivry,
l’autre Y Entrée de Henri IV à Paris. Ce sont des scènes tumultueuses,
d’une invention héroïque et puissante. Mais Rubens, à bon droit décou-
ragé, n’avait point fini ces peintures; elles sont comme voilées d’une
coloration sourde, et elles ont évidemment beaucoup souffert. Mariette
connaissait trois esquisses, premières pensées des compositions dont
Rubens s’occupa si longtemps. Une de ces esquisses était précisément le
Triomphe de Henri IV. Elle appartenait à Charles Coypel, et, lors de sa
vente, en 1753, elle aurait été achetée par la Dauphine. Nous croyons
que cette peinture est celle que le comte de Darnley exposait à Manches-
ter en J 857, et qui est bien en effet le thème primitif du grand tableau
de Florence. Au temps de Mariette, deux autres esquisses étaient, à An-
vers, chez M. Van Schorel. On retrouve, à Rerlin, un épisode du siège de

\. La lettre du cardinal Spada a été publiée et commentée par M. J.-J. Guiffrey,
dans les Nouvelles archives de l’Art français, 4 876, p. 252.
 
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