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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 3
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Corroyer, Édouard Jules: Les arts décoratifs à l'opéra, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0230

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218

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ne peut et ne pourra, j’en suis convaincu, se dérober à l’admiration qui
s’impose en voyant cette œuvre magistrale et digne en tout point de son
auteur, M. Jules Lenepveu ».

On ne saurait mieux dire ni décrire plus exactement une aussi belle
page; malheureusement, on est obligé de constater qu’elle n’a plus son
éclat originel. Les magnifiques peintures de la salle et du foyer sont
actuellement noircies par les émanations du gaz et elles ont momen-
tanément perdu les puissants effets qu’elles produisaient dans la décora-
tion générale. 11 est permis d’espérer que M. Ch. Garnier pourra réaliser
son projet primitif, c’est-à-dire faire exécuter en mosaïque d’émail la
coupole de la salle et remplacer par la même matière les peintures du
grand foyer.

Cette modification, ou ce perfectionnement, aurait pour résultat, à
notre humble avis du moins, d’augmenter la puissance des effets décora-
tifs par l’harmonie des tons inaltérables ainsi que par leur éclat et leur
durée. Elle présenterait en même temps l’inappréciable avantage de con-
server intactes les magistrales compositions de Baudry et de Lenepveu.

Il est même permis de supposer, étant donnés les progrès de l’art du
mosaïste en France, que ces beaux ouvrages pourraient être exécutés
par des artistes français, ce qui nous causerait une véritable satisfaction.

En terminant cet aperçu rapide, il serait injuste de ne pas parler de
la décoration théâtrale qui, à l’Opéra, semble avoir atteint les limites de
la perfection; car on ne saurait, ce nous semble, pousser plus loin cet
art ingénieux dont l’application est hérissée de difficultés innombrables.
« Les qualités du décorateur de théâtre doivent être nombreuses et
développées à un degré très élevé, car ses défauts, que les grandes
dimensions d’un décor et l’éclat de la lumière qui l’éclaire grossissent,
apparaissent avec une singulière netteté. La science du dessin, de la
perspective et du style, accompagnée d’une connaissance approfondie
des lois de la proportion, c’est-à-dire du rapport des détails à l’ensemble,
doit s’accorder avec les élans de l’imagination et le sens très caractérisé
de la couleur. Observateur par excellence et toujours prêt à profiter des
manifestations décoratives que la nature offre abondamment à ses yeux,
l’artiste est néanmoins préoccupé sans cesse des précédents qui l’empê-
chent de tomber dans les écarts de sa pensée1 ».

Les artistes-décorateurs, qui font si grand honneur à l’Opéra, ont
produit de véritables chefs-d’œuvre, à commencer par le rideau d’avant-

'I. Exposition universelle de 1878. Rapport d’ensemble sur les arts décoratifs, par
Ed. Didron. — Paris, 1882. Imprimerie nationale.
 
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