DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Michel, André: Exposition des dessins du siècle, 1
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0242
EXPOSITION DES DESSINS DU SIÈCLE.
229
agité que les notations soufflées de Frago, d’accent plus ferme, mais
caressant les formes, se dérobant parfois comme dans des silences volup-
tueux, accompagnant ou abandonnant tour à tour le contour extérieur,
selon qu’il est plus ou moins intéressé par les jeux de la lumière sur les
souplesses et les passages délicats du modelé intérieur.
Il lui arrive quelquefois de pousser son travail jusqu’au fini le plus
minutieux. Sa grâce naturelle subsiste encore sans doute, mais combien
amoindrie et figée ! C’est lorsque son dessin semble suivre le vol flottant
de sa rêverie que Prud’hon est vraiment lui-même, séduisant et exquis. Il
ajoute aux portraits du comte de Sommariva et de Mesmer de Quincey un
au delà mélancolique ; il enlace clans un embrassement aérien Y Innocence
et l'Amour, et quelques traits, qui vont se perdant, lui suffisent pour fixer
la grâce tout entière. Dans ses illustrations pour Y Art d'aimer de Gentil-
Bernard, il marie avec une délicatesse adorable les larges accents de la
plume aux légèretés du crayon blanc ; tour à tour précis et vaporeux,
souriant ou pathétique comme dans l’esquisse du Christ en croix, soit
qu’il s’inspire de quelque bas-relief, de la nature vivante ou de sa fan-
taisie intime, il met sans y penser, dans ses moindres ébauches, le
charme d’une émotion discrète et d’un sentiment personnel.
ANDRÉ MICHEL.
^ La fin prochainement.)
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agité que les notations soufflées de Frago, d’accent plus ferme, mais
caressant les formes, se dérobant parfois comme dans des silences volup-
tueux, accompagnant ou abandonnant tour à tour le contour extérieur,
selon qu’il est plus ou moins intéressé par les jeux de la lumière sur les
souplesses et les passages délicats du modelé intérieur.
Il lui arrive quelquefois de pousser son travail jusqu’au fini le plus
minutieux. Sa grâce naturelle subsiste encore sans doute, mais combien
amoindrie et figée ! C’est lorsque son dessin semble suivre le vol flottant
de sa rêverie que Prud’hon est vraiment lui-même, séduisant et exquis. Il
ajoute aux portraits du comte de Sommariva et de Mesmer de Quincey un
au delà mélancolique ; il enlace clans un embrassement aérien Y Innocence
et l'Amour, et quelques traits, qui vont se perdant, lui suffisent pour fixer
la grâce tout entière. Dans ses illustrations pour Y Art d'aimer de Gentil-
Bernard, il marie avec une délicatesse adorable les larges accents de la
plume aux légèretés du crayon blanc ; tour à tour précis et vaporeux,
souriant ou pathétique comme dans l’esquisse du Christ en croix, soit
qu’il s’inspire de quelque bas-relief, de la nature vivante ou de sa fan-
taisie intime, il met sans y penser, dans ses moindres ébauches, le
charme d’une émotion discrète et d’un sentiment personnel.
ANDRÉ MICHEL.
^ La fin prochainement.)