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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 3
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Ephrussi, Charles: Exposition d'œuvres de maîtres anciens, [1]: tirées des collections privées de Berlin en 1883
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0293

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EXPOSITION D’ŒUVRES DE MAITRES ANCIENS.

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argenture destinée à recouvrir un métal dont on ne connaissait pas encore les res-
sources infinies, tout accuse l’enfance de Part du bronze en Vénétie.

Dans la même galerie, de nombreuses copies, la plupart en petit format, d’après
l’antique, si recherchées au xvic siècle, très vénitiennes par leur belle couleur de
métal et leur chaude patine : ainsi un buste de Lucius Verus, un autre buste d’homme,
quelque empereur romain, peut-être d’Alessandro Vittoria; une petite Vénus et un
Tireur d’épines. Est-ce encore une copie d’après l’antique ou plutôt un antique du
temps d’Auguste, qu’une fort belle tête en bronze de jeune garçon à l’allure romaine?
Selon M. Mommsen, l’inscription qu’on déchiffre sur les restes d’un collier qui pare ce
curieux buste n’a aucun caractère authentique d’ancienneté; d’autres bons juges se
refusent aussi, pour des raisons plutôt archéologiques qu’artistiques, à reconnaître la
marque de l’époque impériale. Et pourtant, considérant la finesse de la fonte, la légè-
reté du métal, le caractère particulier du travail, M. Bode ne peut se résoudre à don-
ner ce bronze à un artiste du xvi° siècle. Comment un homme de la Renaissance aurait-
il pu atteindre, dans une copie, une perfection si absolument irréprochable et conserver
jusque dans les moindres détails l’entière vérité du caractère antique? Ne doit-on pas
conclure que ce buste appartient vraiment aux premiers temps de l’empire romain,
l’inscription suspecte ayant été ajoutée, et la patine refaite après coup? La renaissance
se révèle, sans doute possible, dans les belles proportions, dans la libre et facile atti-
tude, dans les mouvemeuts aisés d’un Neptune et d’un Méléagre, grandes figures qui
pourraient bien être de Jacopo Sansovino.

Les lecteurs de la Gazette1 ont déjà fait connaissance avec un buste en marbre de
Catarina Cornaro, daté 1505, dont les traits offrent une étroite ressemblance avec ceux
d'un beau portrait de Gentile Bellini précieusement conservé au musée de Buda-
pest, et une figure de Jacopo de Barbarj dans un tableau de la Galerie de Berlin. Ce
marbre vénitien, le seul connu de celte époque, où les terres cuites sont fréquentes à
Venise, n’est qu’agréable et fort inférieur au célèbre buste en bronze du musée Correr;
M. Bode dit judicieusement qu’il y a entre les deux œuvres le même écart qu’entre
les portraits de Catena ou de Basait! et ceux d’Antonello de Messine, et que le bronze
du musée Correr donné 'a Bellini doit être du plus grand sculpteur de l’époque dans
ces contrées, du Véronais Andréa Bregno.

L’énergique personnalité du pape Sixte-Quint revit dans un grand et imposant
buste en bronze, chef-d’œuvre du style baroque qui, sans ciselure ni patine, d’une
mauvaise coloration, produit néanmoins un effet des plus saisissants. M. Bode ne sait
à qui assigner cette œuvre grandiose. Mais il la croit de la même main que deux
bustes de pape, l’un, celui do Grégoire XIU récemment acquis par le musée de Berlin,
l’autre celui de Grégoire XIV de petite dimension, que nous avons déjà signalé ; enfin,
malgré les quarante ans qui séparent le pontificat de Paul III de celui du dernier de
ces papes, M. Bode n’est point éloigné de reconnaître un seul et même artiste dans
l’auteur de ces trois bustes et dans celui du colossal bronze de Paul lit qui figure au
Musée de Naples.

La sculpture allemande aurait dû être largement représentée dans une exposition
berlinoise. Aussi est-on surpris de n’v rencontrer qu’une statuette d’Ève en bronze de
Peter Vischer le fils, venue tout dernièrement à Berlin de la collection de M. Odiot.
Jolie figurine, si la construction de la tête ne laissait trop à désirer, inférieure en

1. Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XVII, 126-127.
 
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