Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Garnier, Édouard: La verrerie: collections de M. Spitzer
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0309

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
294

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les premiers siècles du moyen âge. Il n’existe pas, en effet, cle docu-
ments matériels indiscutables, d’œuvres connues auxquelles on puisse
assigner une date précise aussi reculée, et ce n’est qu’en s’appuyant sur
des textes plus ou moins obscurs que Ton arrive à suivre la filiation de
cette belle industrie à Byzance d’abord, en Égypte et en Syrie ensuite.

Mais, à partir du xn° ou du xmc siècle, la lumière se fait, et s’il est
encore à peu près impossible, dans l’état actuel de la science, de déter-
miner d’une façon certaine les caractères distinctifs des verres qui remon-
tent à cette époque, nous avons du moins des preuves de la situation
florissante où se trouvait alors l’art de la verrerie dans les provinces
orientales. Nous nous bornerons à citer à l’appui quelques passages de la
relation du voyage de Benjamin de Tudèlei, qui visita vers le milieu du
xip siècle la plus grande partie du monde connu. C’est ainsi qu’à
Antioche il constate la présence de plusieurs de ses coreligionnaires qui
« fabriquent le verre »; il cite même les noms des « principaux d’entre
eux, Rabi Mordekhai, Rabi Maüm, Rabi Ishmaël », ce qui permet de sup-
poser qu’ils jouissaient comme artistes verriers d’une certaine réputation.
En parlant de Tyr (Tvr la Nouvelle), il dit : « Là sont aussi les ouvriers
qui font ces verres de Tyr si renommés par toute la terre... », et, enfin,
en décrivant une des synagogues de Damas, il mentionne avec admi-
ration « une muraille cle verre construite par art magique. » «... Il y a
dans cette muraille, dit-il, autant de trous qu’il y a de jours dans l’année
solaire; le soleil, descendant par douze degrés, selon le nombre des
heures du jour, entre chaque jour dans l’un de cos trous et, par là, cha-
cun peut connaître à ces trous quelle heure il est... »

Ces simples citations suffisent pour montrer combien l’art de la ver-
rerie avait conservé d’importance à l’époque où Benjamin de Tudèle
entreprit son voyage en Orient, puisque dans la relation qu’il en a laissée
il ne s’occupe que fort peu des choses étrangères à l’état actuel du peuple
juif et de sa religion. Les verreries de Tyr qu’il mentionne comme étant

'1. Benjamin, fils d’un rabbin nommé Jonas, était né ou vivait à Tudèle, petite
ville du royaume de Navarre. « Était-il marchand, architecte ou médecin, dit
M. Édouard Charton dans les Voyageurs anciens et modernes, se proposa-t-il en
voyageant d’acquérir des richesses ou des connaissances scientifiques? En l’absence
de renseignements précis sur cette question, assez peu importante du reste, on a fait
bien des commentaires qui n’ont conduit à rien de certain. Si l’on s’en tient à l’im-
pression qui résulte d'une lecture attentive de la relation de son voyage, on sera
porté à croire que son but était uniquement de connaître le nombre des Juifs disper-
sés dans les différentes régions du monde et de s’informer de leur état moral et reli-
gieux. » Nous ajouterons que dans cette relation l’on trouve bien des documents inté-
ressants et qui présentent tous les caractères de la vérité.
 
Annotationen