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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 4
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Garnier, Édouard: La verrerie: collections de M. Spitzer
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0317

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302

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qui sont d’un intérêt capital pour l’histoire de la verrerie. La première est
une coupe basse dont le plateau est orné en dessous de bossages en
relief formant un treillis losangé, et dont le centre est décoré en émail
de l’écu armorié d’Anne de Bretagne; la seconde est une petite coupe ou
assiette portant, entourées de riches lambrequins, les armes de la cé-
lèbre famille des Fugger, d’Augsbourg. Ces deux pièces émaillées sont-
elles, malgré leur apparence, de fabrication italienne? Il est permis d’en
douter, si on les examine avec attention. Dans la première, en effet, les
émaux manquent de la pureté qui distingue habituellement les émaux de
Venise; ils sont maladroitement posés, ternes et lourds d’aspect, surtout
dans le dessin des fleurs de lis et des hermines de Bretagne ; on n’y
trouve point, en outre, ce bel or jaune et brillant que les verriers de Mu-
rano affectionnaient tant, et que l’on remarque sur toutes les pièces de la
même époque, ne fût-ce qu’à l’état de simple fdet. Peut-être faudrait-il
voir dans cette coupe un des premiers essais de l’industrie transportée
par des transfuges vénitiens en France, et surtout dans les Flandres, au
commencement du xvr siècle, malgré les peines édictées par le Conseil
de la République contre ceux qui divulgueraient des secrets de fabrica-
tion qui, du reste, commençaient à être connus de tout le monde.

Dans la seconde, au contraire, les émaux sont minces et très francs
de tons, un peu trop crus même, comme dans toutes les verreries alle-
mandes; et si on la rapproche d’un grand verre dont l’origine n’est pas
douteuse et qui est décoré d’une riche armoirie à la licorne qui le couvre
presque entièrement, l’analogie est frappante. Non seulement les émaux
sont les mêmes, mais la dorure est tellement semblable sur les deux
pièces, qu’elle doit évidemment avoir été exécutée par la même main; elle
se compose d’un large fdet d’or bordé des deux côtés par un pointillé
d’émail bleu et décoré d’un double rang d’imbrications dessinées au trait
par enlevage à la pointe et semées au centre de perles d’émail bleu. Il y
a là une tradition vénitienne évidente interprétée par des peintres alle-
mands ou importée par des émailleurs de Murano, appelés en Bavière
probablement par un des frères Fugger, ces hommes si intelligemment
dévoués à leur pays, dont l’immense fortune protégeait les artistes et les
savants aussi bien que les empereurs, et auxquels plusieurs villes de
l’Allemagne du xvp siècle, Nuremberg et Augsbourg entre autres, durent
leur prospérité commerciale et leur supériorité artistique.

L’industrie vénitienne transportée en Bavière y trouvait, du reste, un
terrain bien préparé; depuis longtemps déjà, des verreries y étaient éta-
blies, notamment dans la Franconie, aux pieds des Ficlitelgebirge (monts
aux sapins), et c’est là. suivant toute probabilité, que furent fabriqués,
 
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