308
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
scription suivante dont nous respectons l’orthographe et la disposition :
REGINA CELI ETTERRE
MATER OMNIUM
Cette composition, d’une belle ordonnance, est admirablement gravée ;
le profil de l’enfant surtout est charmant de finesse et de dessin ; les
tailles de la gravure sont d’une pureté extrême, et cela est remarquable
dans un travail qui devait présenter d’assez sérieuses difficultés et
demander une sûreté et une habileté de main d’autant plus grandes que
les retouches et les corrections étaient difficiles, ainsi que le prouve, sur
l’épaule droite, un faux trait qui, primitivement, dessinait l’épaule un
peu trop haut et que l’artiste n’a pu parvenir à dissimuler. Au-dessus de
cette belle plaque rectangulaire, et dans le même cadre, se trouve une
autre petite plaque de verre écoinçonnée dans le haut, décorée par le
même procédé, mais peut-être à une époque un peu antérieure, et
représentant une jeune fille qui tient enchaînée une sorte de licorne.
A côté de ces verres dorés, M. Spitzer en possède d’autres qui rentrent
dans la même série, ou du moins qui sont également désignés sous le
même nom de verres églomisés, bien qu’il y ait entre eux et les précé-
dents une différence assez grande dans l’apparence et dans les procédés
d’exécution. Ici, la décoration est obtenue avec des couleurs à l’huile ou
à la gouache — et, par conséquent, opaques — et produit absolument
l’effet d’une peinture sur laquelle poserait lourdement un verre ; en réa-
lité, c’est une sorte de fixé peint, mais peint directement sous le verre.
Dans quelques-uns, la peinture a été recouverte entièrement d’un vernis
végétal qui la préserve contre les influences extérieures, tout en com-
muniquant à l’ensemble, malgré l’opacité de la couleur, une harmonie
générale. Quand la décoration est rehaussée de parties d’or, comme cela
a lieu dans le beau triptyque dont nous parlerons plus loin, cet or n’est
pas gravé ou découpé comme nous l’avons vu plus haut, mais modelé et
dessiné au moyen d’un lavis plus ou moins bistré, transparent, peint
préalablement sur le verre, et sur lequel on venait appliquer la feuille de
métal taillée suivant les lignes du dessin. Mais il serait trop long d’ana-
lyser et de décrire ici les différents procédés employés dans la décoration
de ces verres, et qui variaient suivant la nature des pièces et selon la
nationalité de l’artiste ; il est facile de s’en rendre compte avec un examen
attentif, et l’on peut aisément, à défaut du style et du caractère même
de la peinture, distinguer les verres peints en Italie de ceux qui ont été
décorés en France ou en Allemagne. Dans les premiers, le dessin, à part
quelques exceptions, est généralement tracé en noir dans toutes ses par-
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
scription suivante dont nous respectons l’orthographe et la disposition :
REGINA CELI ETTERRE
MATER OMNIUM
Cette composition, d’une belle ordonnance, est admirablement gravée ;
le profil de l’enfant surtout est charmant de finesse et de dessin ; les
tailles de la gravure sont d’une pureté extrême, et cela est remarquable
dans un travail qui devait présenter d’assez sérieuses difficultés et
demander une sûreté et une habileté de main d’autant plus grandes que
les retouches et les corrections étaient difficiles, ainsi que le prouve, sur
l’épaule droite, un faux trait qui, primitivement, dessinait l’épaule un
peu trop haut et que l’artiste n’a pu parvenir à dissimuler. Au-dessus de
cette belle plaque rectangulaire, et dans le même cadre, se trouve une
autre petite plaque de verre écoinçonnée dans le haut, décorée par le
même procédé, mais peut-être à une époque un peu antérieure, et
représentant une jeune fille qui tient enchaînée une sorte de licorne.
A côté de ces verres dorés, M. Spitzer en possède d’autres qui rentrent
dans la même série, ou du moins qui sont également désignés sous le
même nom de verres églomisés, bien qu’il y ait entre eux et les précé-
dents une différence assez grande dans l’apparence et dans les procédés
d’exécution. Ici, la décoration est obtenue avec des couleurs à l’huile ou
à la gouache — et, par conséquent, opaques — et produit absolument
l’effet d’une peinture sur laquelle poserait lourdement un verre ; en réa-
lité, c’est une sorte de fixé peint, mais peint directement sous le verre.
Dans quelques-uns, la peinture a été recouverte entièrement d’un vernis
végétal qui la préserve contre les influences extérieures, tout en com-
muniquant à l’ensemble, malgré l’opacité de la couleur, une harmonie
générale. Quand la décoration est rehaussée de parties d’or, comme cela
a lieu dans le beau triptyque dont nous parlerons plus loin, cet or n’est
pas gravé ou découpé comme nous l’avons vu plus haut, mais modelé et
dessiné au moyen d’un lavis plus ou moins bistré, transparent, peint
préalablement sur le verre, et sur lequel on venait appliquer la feuille de
métal taillée suivant les lignes du dessin. Mais il serait trop long d’ana-
lyser et de décrire ici les différents procédés employés dans la décoration
de ces verres, et qui variaient suivant la nature des pièces et selon la
nationalité de l’artiste ; il est facile de s’en rendre compte avec un examen
attentif, et l’on peut aisément, à défaut du style et du caractère même
de la peinture, distinguer les verres peints en Italie de ceux qui ont été
décorés en France ou en Allemagne. Dans les premiers, le dessin, à part
quelques exceptions, est généralement tracé en noir dans toutes ses par-