Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Duret, Théodore: Sir Joshua Reynolds et Gainsborough: expositions d'hiver de la Royal Academy et de la Grosvenor Gallery
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0346

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
SIR JOSHUA REYNOLDS ET GAINSBOROUGH.

329

position absolument exceptionnelle. 11 doit à tout un ensemble de cir-
constances d’être, dans l’histoire de l’art anglais, le représentant d’une
époque et d’un monde.

Gainsborough naquit dans la petite ville de Sudbury. Il était fils d’un
drapier chargé d’une nombreuse famille. Il vint fort jeune à Londres et
étudia le dessin et la peinture sous la direction d’un artiste peu connu,
Hevward. Son éducation artistique a été limitée aux leçons reçues de
Heyward qui, du reste, lui furent continuées assez peu de temps, car, dès
vingt ans, il se marie avec une jeune fille qui lui apporte une certaine
aisance. Marié, il va se fixer dans la petite ville d’Ipswich, où il peint le
paysage des environs et les portraits que l’entourage peut lui fournir.
Gainsborough, après être resté plusieurs années à Ipswich, quitte enfin
cette petite ville, non point encore pour Londres, mais pour Bath. Ce
n’est qu’après être resté un certain temps à Bath qu’il se décide enfin à
se fixer à Londres. Il y demeure jusqu’à sa mort, sans sortir une seule
fois d’Angleterre. Lorsque la Royal Academy fut fondée, il en fut élu
membre. Contrairement à Reynolds, il n’a rien écrit. Il n’a pas, non plus,
su employer les graveurs à la reproduction de ses œuvres ; fort peu de
ses toiles ont été gravées par les artistes du temps. Sa puissance de
travail paraît, du reste, avoir été très inférieure à celle de Reynolds,
car il a beaucoup moins produit que lui.

Reynolds a donc eu toutes sortes d’avantages sur Gainsborough.
L’éducation artistique, la prise de possession du public, l’éclat du nom,
la fortune ont été pour lui. Gainsborough, comparé à Reynolds, n’a réel-
lement été, aux yeux des contemporains, qu’un petit garçon. Il ne lui
est resté pour se faire valoir auprès de la postérité qu’un point de supé-
riorité sur Reynolds, point capital, il est vrai : c’est, au fond, d’avoir été
mieux doué comme artiste, comme peintre.

Lorsque l’on se trouve devant les deux cent dix toiles de Reynolds
exposées à la Grosvenor Gallery, et qui, encore, ne forment qu’une partie
des productions du maître, on est frappé de l’importance de l’œuvre. L’en-
semble est d’une belle tenue, le peintre a poursuivi son labeur pendant de
longues années, d’une main ferme et d’un pinceau sûr. C’est toute l’An-
gleterre de la seconde moitié du xvm° siècle, saisie par un Anglais, qui
revit là sous nos yeux. A ce point de vue, aucun autre peintre de por-
traits , d’aucune école, n’a peut-être autant que Reynolds le caractère
d’un peintre national. Rien n’est donc plus légitime et mieux mérité que
le culte et l’attachement que les Anglais lui ont voués. L’étranger, sans
pouvoir partager les sentiments de ce genre, se les explique et les com-
prend, et lui-même, en présence de l’œuvre de Reynolds, ne peut s’em-
xxix. — 2e PÉRIODE. 42
 
Annotationen