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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 5
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Palustre, Léon: Michel Colombe, [1]: les sculpteurs français de la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0429

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410

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

fertile, déjà fréquenté par les rois qui ne tarderont pas à bâtir de tous
côtés des châteaux plus magnifiques les uns que les autres.

Bien que nous ne soyons renseigné par aucun document sur la lon-
gueur de cette période préparatoire, il est probable que sa durée fut de
plusieurs années. L’ordre habituel des choses veut, en effet, que le jeune
maître n’ait pas ouvert un atelier avant l’âge de trente ans, ce qui nous
fait descendre jusqu’en 1560 ou 1561. Mais à peine était-il installé que
l’incomparable beauté de ses œuvres le mettait en possession de la faveur
publique. Du reste, afin d’établir plus rapidement sa réputation, nous
savons par le jurisconsulte Brèche que, dans la première partie de sa car-
rière, il quitta souvent la pierre et le marbre pour prendre l’argile1. Son
talent s’essayait sans doute sur des statues de saints ou quelques-uns de
ces sépulcres si à la mode au xve siècle. Seulement la fragilité de la
matière employée a été cause d’une destruction trop générale, et vaine-
ment chercherait-on aujourd’hui le moindre spécimen de ces précieuses
créations.

Gomme preuve à l’appui de ce que nous avons dit sur la réputation
dont Michel Colombe se trouva jouir de bonne heure, il faut citer la
commande d’un bas-relief qui lui fut faite par Louis Xf, en 1472. Le roi
avait échappé à un grand danger durant une chasse aux environs de Mor-
tagne, en Poitou, et il voulait, à cette occasion, être représenté dans une
sorte d’ex-voto où l’on verrait à ses côtés l’archange saint Michel à cheval
repoussant un sanglier furieux. En somme, c’était quelque chose d’ana-
logue au saint Georges terrassant le dragon qu’il exécuta vers la fin de
ses jours, à la demande du cardinal d’Amboise, pour le château de
Gaillon. Aussi regrettons-nous d’autant plus l’œuvre néfaste des protestants
qui, en 1569, brisèrent ce marbre, conservé depuis l’origine dans l’abbaye
de Saint-Michel-en-l’Herm2. A tous les points de vue il eut été intéressant
d’opposer l’une à l’autre deux compositions que séparait un intervalle
de quarante années environ. On eût pu voir les changements accomplis,
constater s’il y avait progrès ou décadence, et porter enfin un jugement
plus sain sur un artiste qui ne nous est bien connu, en réalité, que dans
les dernières années de son existence.

Bien que fournis par un historien de la fin du xvme siècle3, les ren-
seignements qui précèdent n’en méritent pas moins toute créance.
D’ailleurs, nous possédons presque un moyen de contrôle dans l’acte par

t. Archives de l'art français, 2e série, t. Ier, p. 296.

2. En face de l’île de Ré, un peu au sud de Luçon.

3. René Moreau, official de Luçon, cité par Benjamin Fillon dans ses Lettres ù
M. de Mbntaiglon, p. 4 6 et suivantes.
 
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