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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 5
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Palustre, Léon: Michel Colombe, [1]: les sculpteurs français de la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0434

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MICHEL COLOMBE.

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ment de l’église de ces religieux1, se compose d’un grand massif rec-
tangulaire décoré, sur chacune de ses faces, de niches et de médaillons
formant deux zones de hauteurs différentes. La base repose sur une sorte
de socle ou piédestal, enrichi d’ornements qui représentent en mosaïque,
dans les enlacements indéfinis d’une cordelière, des hermines couronnées
alternant avec le chiffre du duc. Aux angles, quatre statues qu’à leurs
attributs on reconnaît pour les vertus cardinales se tiennent debout
comme des sentinelles vigilantes. Le respect qu’en les pratiquant le défunt
s’est attiré de son vivant, elles sont là pour l’imposer encore après sa
mort. Enfin le sarcophage, assez semblable à un lit de parade, grâce aux
dispositions dont nous venons de parler, porte couchées sur une épaisse
table de marbre noir les figures du duc et de sa seconde femme, Margue-
rite de Foix. L’un et l’autre sont en costume d’apparat et leurs têtes
chargées d’une couronne reposent sur des coussins que tiennent trois
anges seulement. A leurs pieds, un lion et une levrette, mollement
accroupis, serrent entre leurs pattes les armoiries de leurs maîtres, tout
en caractérisant le sexe de chacun d’eux.

Telle est l’ordonnance générale de cet admirable monument, qui ne
mesure pas moins, si nous y comprenons le soubassement, de 3m,90 de
long, 2"',33 de large et 2m,27 de haut. Quant à la matière employée, elle
est de la plus grande richesse. Sauf la table supérieure et la forte mou-
lure entre les deux zones latérales qui sont de marbre noir, les chevaliers
en cagoule et capuchon2, péniblement assis dans des disques côtelés qui
sont en marbre vert3 et le fond des niches supérieures, où l’on a voulu
voir tantôt de la terre cuite et tantôt du stuc, mais qui n’est autre que
du marbre rouge, tout est en marbre blanc de la plus grande beauté.
Jean Perréal, du reste, nous a renseignés sur son itinéraire. « On l’a fait
venir de Gênes, dit-il, jusques à Lion, puis de Lion à Rouane par terre,
et puis de là à Tours par eau4. » Le marbre noir, au contraire, venait
des carrières de Liège, en Belgique, ainsi que nous l’apprenons d’autre
part5. L’un et l’autre rendus sur place coûtaient « deux mille escuz ou

1. Le tombeau de François II, profané et démoli en février 1792, aurait été perdu
pour les amis des arts et de l’histoire sans l’intervention d’un architecte-voyer,
nommé Mathurin Crucy. C’est ce dernier qui en a rendu les débris en 1817 et permis
la reconstruction dans le transsept sud de la cathédrale.

2. Et non pas des moiues, comme on se plaît à le répéter. Le costume reli-
gieux doit simplement être considéré, dans la circonstance, comme un signe de
deuil.

3. A l’exception de la tête et des mains.

4. Benjamin Fillon, Documents, etc., p. 10.

5. Id.j p. 8.
 
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