GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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un mot, pour faire une eau-forte. M. Bracquemond, nouveau converti au
culte du dessin sur cuivre, avait tenu à se représenter dans son costume
de néophyte. 11 a pris depuis bien d’autres incarnations, mais c’est ainsi
que nous aimons à le voir; ce portrait est définitif; aujourd’hui la renom-
mée de l’artiste tient à l’eau-forte par les liens les plus solides ; il en sera
de même dans l’avenir; ses estampes passeront toujours pour le meilleur
de son œuvre.
Pour ne pas avoir à y revenir, épuisons tout de suite la liste des
peintures de M. Bracquemond ; ce ne sera pas long.
Au livret du Salon de 1861, nous trouvons le portrait du docteur Ho-
race de Montègre, qui fut, avec Auguste Comte et Littré, fondateur de
l’école des positivistes. C’est une peinture au pastel ou un dessin, si l’on
préfère.
En 1866, le portrait de Mme Paul Meurice, debout, les mains ap-
puyées sur le dossier d’un fauteuil; l’année suivante, celui de M. A. Vac-
quérie • un an plus tard, le portrait de M. Edmond Hêdouin, l’excellent
graveur. Au Salon de 1869, une grande toile qui est aujourd’hui dans
l’atelier de l’artiste : Bon Juan et le Pauvre; c’est la deuxième scène,
acte 111, de la comédie de Molière, encadrée dans un vaste paysage; on
en connaît la liihographie faite par le peintre. Outre cet important
ouvrage, M. Bracquemond exposait deux aquarelles : Gargantua sur
sa jument et la Rencontre de Pantagruel et de Panurge, sujets inspirés
de Rabelais, où l’artiste se faisait la main avant d’aborder l’illustration à
l’eau-forte qui lui avait été demandée par l’éditeur Lemerre.
Officiellement nous ne connaissons pas d’autres peintures de M. Brac-
quemond, mais nous savons qu’il en existe d’autres que lui-même ou
ses amis possèdent : notes d’artistes soustraites à l’œil du vulgaire, elles
seront un jour réunies, ou du moins étudiées par quelque curieux qui
saura mettre en relief leurs fortes qualités d’expression et de senti-
ment.
L’esprit d’indépendance de M. Bracquemond, son dédain des formules
contrôlées à l’Académie des beaux-arts et respectueusement suivies par
la majorité des peintres, lui ont valu parfois d’être rudoyé par les jurys
du Salon; mais s’il a reçu les étrivières, il peut, lui aussi, montrer quel-
ques-uns de ces satisfecit auxquels le public et les artistes attachent un
si haut prix. Peintre, il a obtenu une médaille en 1866, avec le portrait
de Mme Paul Meurice. Graveur, il a presque épuisé la série des récom-
penses : une médaille en 1868, celle de 2e classe en 1872, celle de
lre classe en 1881, et la croix de la Légion d’honneur en 1882. Les hon-
neurs sont venus le trouver, il ne les a pas recherchés : c’est une
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un mot, pour faire une eau-forte. M. Bracquemond, nouveau converti au
culte du dessin sur cuivre, avait tenu à se représenter dans son costume
de néophyte. 11 a pris depuis bien d’autres incarnations, mais c’est ainsi
que nous aimons à le voir; ce portrait est définitif; aujourd’hui la renom-
mée de l’artiste tient à l’eau-forte par les liens les plus solides ; il en sera
de même dans l’avenir; ses estampes passeront toujours pour le meilleur
de son œuvre.
Pour ne pas avoir à y revenir, épuisons tout de suite la liste des
peintures de M. Bracquemond ; ce ne sera pas long.
Au livret du Salon de 1861, nous trouvons le portrait du docteur Ho-
race de Montègre, qui fut, avec Auguste Comte et Littré, fondateur de
l’école des positivistes. C’est une peinture au pastel ou un dessin, si l’on
préfère.
En 1866, le portrait de Mme Paul Meurice, debout, les mains ap-
puyées sur le dossier d’un fauteuil; l’année suivante, celui de M. A. Vac-
quérie • un an plus tard, le portrait de M. Edmond Hêdouin, l’excellent
graveur. Au Salon de 1869, une grande toile qui est aujourd’hui dans
l’atelier de l’artiste : Bon Juan et le Pauvre; c’est la deuxième scène,
acte 111, de la comédie de Molière, encadrée dans un vaste paysage; on
en connaît la liihographie faite par le peintre. Outre cet important
ouvrage, M. Bracquemond exposait deux aquarelles : Gargantua sur
sa jument et la Rencontre de Pantagruel et de Panurge, sujets inspirés
de Rabelais, où l’artiste se faisait la main avant d’aborder l’illustration à
l’eau-forte qui lui avait été demandée par l’éditeur Lemerre.
Officiellement nous ne connaissons pas d’autres peintures de M. Brac-
quemond, mais nous savons qu’il en existe d’autres que lui-même ou
ses amis possèdent : notes d’artistes soustraites à l’œil du vulgaire, elles
seront un jour réunies, ou du moins étudiées par quelque curieux qui
saura mettre en relief leurs fortes qualités d’expression et de senti-
ment.
L’esprit d’indépendance de M. Bracquemond, son dédain des formules
contrôlées à l’Académie des beaux-arts et respectueusement suivies par
la majorité des peintres, lui ont valu parfois d’être rudoyé par les jurys
du Salon; mais s’il a reçu les étrivières, il peut, lui aussi, montrer quel-
ques-uns de ces satisfecit auxquels le public et les artistes attachent un
si haut prix. Peintre, il a obtenu une médaille en 1866, avec le portrait
de Mme Paul Meurice. Graveur, il a presque épuisé la série des récom-
penses : une médaille en 1868, celle de 2e classe en 1872, celle de
lre classe en 1881, et la croix de la Légion d’honneur en 1882. Les hon-
neurs sont venus le trouver, il ne les a pas recherchés : c’est une