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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 6
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Fourcaud, Louis de: Le salon de 1884, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0506

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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rait l’élégance cle ce cou charmant. Point de bracelets : nous ne devons
rien perdre de la fine attache de ces poignets. Pour tous bijoux, les deux
chaînettes de diamant des épaulières et le croissant de brillants piqué
dans ses cheveux roux, au-dessus de son front découvert. Ses cheveux,
relevés an sommet de la tête, allègent la nuque et lui permettent de se
dessiner au regard. On voit que, du haut au bas, la figure se « dessine »
et quelle est, encore un coup, toute en harmonie de lignes.

M. Sargent, s’étant décidément arrêté à cette disposition, a cru de-
voir accentuer ce qu’il voulait faire en adossant son modèle à un fond
neutre marron clair. Ce serait bien le diable qu’on ne reconnût pas, au
parti pris du noir de la robe, du blanc des chairs et du ton plat du fond,
qu’il n’avait eu en vue que d’exécuter un dessin. Aussi a-t-il dessiné et
modelé les bras et la poitrine avec un soin jaloux, et brossé moelleuse-
ment le satin de la robe. Par malheur, le fond neutre et sans jeu aplatit
le visage, lequel, étant par lui-même un objet d’art où le fard et les
crayons complètent incessamment ou corrigent la nature, aurait eu be-
soin d’être mis en valeur et modelé par le propre jeu du fond.

En résumé, je n’affirme point — cela va de soi — que le peintre
se soit livré à de profondes spéculations touchant les conditions psycholo-
giques de son modèle : il se peut fort bien qu’il ait été dominé par des
préoccupations exclusivement plastiques : mais j’affirme que le dessin a
été son objectif capital en ce portrait, — ainsi que l’atteste le beau
croquis de profil si nerveusement arrêté que nous publions — et qu’il
est résulté de sa longue persévérance à observer et à fixer la manière
d’être de l’idole, une œuvre non seulement de raffinement, mais encore
de portée.

X.

Je me suis appesanti sur quelques portraits féminins. Quelques por-
traits d’hommes ou d’enfants nous sollicitent de même. J’en dirai mon
avis aussi brièvement que je pourrai.

Le portrait en pied de l’historien anglais Carlyle, par le célèbre peintre
anglo-américain, M. James Whistler, est un des ouvrages les plus admi-
rés du Salon. L’artiste a passé une part de sa jeunesse à Paris, où il fut
lié avec Manet et MM. Fantin-Latour, Ribot et Legros. 11 jouit, à Londres,
d’une renommée d’excentrique, motivée par certaines bizarreries de son
esprit et de son talent, mais il n’en a pas moins produit quantité de mor-
ceaux remarquables, tant comme peintre que comme aquafortiste. On
raconte qu'il conçoit la peinture sous forme d’harmonies en tels ou tels
 
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