Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Fourcaud, Louis de: Le salon de 1884, 2
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0508

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
£86

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et cl’un si fier aspect, en sa disposition singulière, qu’on ne songe même
pas à reprocher au peintre une nuance d’emphase dans l’allure du cava-
lier et la désagréable tonalité du ciel et des terrains. Les lanciers qui
entrent dans le tableau et ceux qui en sortent nous inspirent une grande
idée de la situation et de la valeur du chef qui les commande. Jamais
capitaine ne fut représenté enveloppé d’un prestige plus beau. Que sera
cependant M. de Lalaing? Ses deux envois, si méritoires qu’ils soient à
certains égards, ne permettent pas de résoudre cette question. Au point
de vue de la technique, il paraît être infiniment plus dessinateur que
peintre. Sa couleur n’est ni vraie ni brillante; sa facture a de l’autorité,
mais aussi de la pesanteur, et, tout bien considéré, on ne sait trop s’il y
a en lui une puissante originalité prête à se faire jour ou un précoce
savoir prêt à verser dans la convention. Ses prochains tableaux nous
éclairciront la chose.

Un portrait entièrement digne d’être loué est celui de M. Odysse Barot,
par M. André Brouillet. Le publiciste travaille dans sa bibliothèque en
fumant et en causant, sa plume grince sur le papier, mais il répond à
qui lui parle, s’interrompt, vous regarde et lance quelques bouffées de
tabac vers le plafond. De quoi cause-t-il? Eh! de tout au monde. L’ancien
collaborateur de Girardin est revenu de bien des illusions : il a le pli du
dédain aux lèvres, mais ses yeux gris sont toujours inquets. J’admire,
en mon for intérieur, le bel ordre des livres, du papier blanc, des pape-
rasses et la propreté de l’encrier de faïence polychrome, sur la table de
travail. Bas un volume, non plus, n’est de travers dans la bibliothèque du
fond. Je me sens chez un homme pratique et je pense, avec quelque honte,
à mon propre bureau éternellement surchargé. Le modèle est maigre,
long, dûment rasé, vêtu sans recherche, mais sans négligence ; on le
devine apte à mille affaires, méthodique, sobre, entreprenant, expéditif:
c’est un type complet et pleinement exprimé par le peintre.

M. Charles Maurin, un autre jeune peintre d’un talent à la fois
large et précis, nous présente un profil de fillette blonde, au menton
ravalé, en collerette blanche, touché à ravir sur un fond gris, et pour mor-
ceau principal, un grand portrait de M. Rodolphe Julian, l’entrepreneur
de l’académie d’élèves du passage des Panoramas. Le sujet est taillé en
colosse, assis devant son bureau de chêne clair, les bras écartés du corps,
les jambes espacées, lourd, robuste, se retournant et regardant vers sa
droite. L’intime ressemblance crie dès l’attitude : il est de ces poses qui
font reconnaître un modèle sans que l’on ait à consulter ses traits. On doit
aussi cet éloge à l’exécution, qu’elle témoigne d’un tempérament origi-
nal et d’une parfaite conscience. Seulement il est impossible d’approu-
 
Annotationen