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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 6
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Fourcaud, Louis de: Le salon de 1884, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0512

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

une œuvre de vérité en aucune acception. « Vous verrez, me répond-on,
que cela sera incomparable une fois mis en place. » Soit ! mais les
personnages seront-ils plus humains et plus modernes? Ces Muses seront-
elles davantage des filles de ma patrie? Ce qui me touche au Panthéon,
dans la décoration de M. de Cbavannes, ce n’est pas uniquement le coloris
blond et cendré : c’est aussi le sentiment d’humanité qui rayonne. Ici,
rien de tel. La magie s’impose à moi quand je m’arrête, mais ma pru-
nelle subit une séduction dont, malheureusement, mon esprit ni mon
cœur ne pourront rien retenir; et je passe en le déplorant.

M. Besnard essaye, quant à lui, de me donner deux scènes modernes :
il a raison, et je l’en loue, car, quoi qu’en disent les partisans de la con-
vention sous toutes ses formes, les scènes de notre temps sont aussi
décoratives que celles d’autrefois, pour qui sait les voir décorativement,
et M. Gervex l’a brillamment prouvé à la mairie de la Villette. L’un des
panneaux de M. Besnard a pour titre : la Maladie. Une jeune fille va
mourir, elle s’affaisse dans son lit ; sa mère la soutient et se désespère;
mais le médecin prend des mains d’une servante le remède qu’il a ordonné
et par qui le salut viendra. La composition est simple et vraie, à une
indécision près dans le geste du médecin ; mais, pour peu qu’on exa-
mine, on ne sait où le drame s’accomplit. On n’est ni dans une chambre
de pauvre, ni dans une chambre de riche, ni dans une salle d’hôpital,
mais dans une sorte de vestibule incompréhensible. De plus, la servante
qui verse la potion n’est pas une véritable servante : c’est une sou-
brette. A l’examen, le second panneau est plus complet : la jeune malade,
entrée en convalescence, appuyée au bras de sa mère, — laquelle,
entre parenthèses, n’est plus la femme et la plébéienne de la première
composition, mais bien une bourgeoise, — va respirer l'air frais d’un
matin d’avril. Ici, le groupe est touchant, mais surtout le paysage est
exquis. L’effort de M. Besnard est, au fond, des plus méritoires, et je
connais peu de peintres capables de mener à bien une entreprise de cet
ordre, qui en présage de plus hardies. On l’applaudit, on le loue :
c’est à merveille. Il faut, à présent^ qu’il ne concède rien à l’abstraction
et à l’à-peu-près. J’ai aussi un mot à dire de son exécution : ses deux
toiles, peintes à la cire, gardent une matité d’aquarelle trop transpa-
rente. Je voudrais que, sans renoncer aux tons limpides, il eût des tons
solides et qu’il ne sacrifiât point la consistance des reliefs à l’harmonie.
La véritable délicatesse ne saurait mener à la décoloration.

Moins sérieux, moins ambitieux, M. Escalier peint la Donne Aven-
ture pour un vestibule. Un cortège galant et fantasque de dames et de
cavaliers du temps de Louis XIII descend un escalier de marbre au bas
 
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