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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 6
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Fourcaud, Louis de: Le salon de 1884, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0513

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LE SALON DE 188/t.

Z|91

duquel se tient une troupe bariolée de bohémiens et de bohémiennes.
Une lanterne dorée tombe de l’arcade centrale, jetant là, parmi le papil-
lottement des costumes, comme une note de trompette dans un concert
de hautbois, de flûtes, de guitares et de grelots. A droite, à gauche, des
galeries s’ouvrent, dominant une gaie ville aux toits rouges et des ver-
dures de jardins. Jolie fantaisie, certes, imaginée et peinte par un archi-
tecte avec un goût raffiné et qui égayera quelque bel escalier d’hôtel ou
de château.

C’est encore à une décoration que j'assimilerai le Saint François
cVAssise de M. Duez. J’y vois un paysage de neige et de givre spacieux,
profond et froid. Saint François est venu se rouler dans un buisson et
son sang a coulé. Sur ces entrefaites, ses frères approchent; on le trouve
demi-nu, ensanglanté. « Laissez, dit-il, ce ne sont que roses. » Et, subi-
tement, chaque gouttelette de pourpre qui sort de ses veines se change
en fleur et toutes ces fleurs deviennent bouquet sur sa poitrine. Franche-
ment, un autre sujet nous conviendrait mieux. L’auteur lui-même s’en
est si bien désintéressé qu’il ne nous a seulement pas donné un buisson
d’épines où l’on se puisse meurtrir la chair. Le saint au bouquet fait trop
benoîtement admirer son torse maigre, sa tête auréolée et sa bure d’un
trop pittoresque rapiècement. Sans le paysage, nous n’aurions guère
qu’un tableau d’église selon la formule, exécuté avec plus de talent que
de conviction. Quel dommage que M. Duez n’attaque jamais ses figures
aussi bravement que ses terrains, ses arbres et ses ciels! Otez de cette
toile le groupe central, ne gardez que les deux ou trois passants du fond
pour animer la perspective, vous avez une véridique et poétique évocation
de l’hiver.

XL

Quatre ou cinq paysagistes soutiennent vaillamment l’honneur de
leur art : c’est en les citant et en recommandant leur exemple qu’il est
bon d’en finir avec les tableaux du Salon. Je nommerai donc M. Damoye,
le poète des grandes plaines, des étangs et des ciels où les rayons crèvent
les nuées blanches; M. Victor Binet, tenace, acharné en sa lutte avec la
nature et dont chaque tableau est un acte de foi à la réalité ; M. Lépine,
charmeur méconnu de la foule; M. Boudin, l’amoureux de la mer, des
plages et des ciels marins; M. Auguste Flameng, si sensible aux délices
des eaux reflétantes et mobiles; M. Barau, chercheur d’impressions
qu’attendrit la vue d’un clocher de village... Tous ceux-là, je vous le
jure, aiment la nature pour elle-même, la regardent sans lunette et vont
 
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