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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 1
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Lefort, Paul: L' Académie de San Fernando, 2: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0078

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

le portrait où Goya s’est peint lui-mème, avec son fin regard et
sa moue si spirituellement ironique.

C’est un délicieux régal pour les yeux comme pour l’esprit que
les amusantes peintures de chevalet du maître aragonais que conserve
l’Académie. Là, son imagination primesautière, sa fantaisie et
sa verve endiablées, servies par une exécution pétillante d’esprit
et qui rencontre en se jouant mille trouvailles heureuses, se sont à
souhait donné libre carrière. On peut tout admirer ici et l’on n’a
que l’embarras de choisir. C’est d’abord une mascarade, connue sous
un titre qui rappelle une fête madrilène : l'Enterrement de la sardine;
c’est l’intérieur d’une Maison de fous, véritable pandémonium
où se démènent, affublés de loques grotesques, de pauvres aliénés;
c’est ensuite le Tribunal de l'Inquisition, ironique et moqueuse parodie
d’une séance du terrible Saint-Office, jugeant des malheureux déjà
coiffes etmitrésdela ridicule coroza ou du sambenito; c’est encoreune de
ces processions de Flagellants, dont Mme d’Aulnoy nous a laissé une si
piquante description, etc’est enfin une Course de taureaux, comme il s’en
organise parfois, au pied levé, dans les moindres villages d’Espagne.

A côté de Goya,nous ne voyons plusàciter,dans l’école espagnole du
xvme siècle, qu’un clair et vivant portrait en buste du graveur Juan
Bernabé Palomino, par Antonio Gonzalez Ruiz, élève de Michel-
Ange Houasse. Bernabé était frère d’Antonio Palomino, peintre
et auteur du Museo Pittorico, dont ila gravé, pour l’édition de 1724,
les planches anatomiques.

On sait quelle grande situation Raphaël Mengs occupa en Espagne
durant tout le règne de Charles III. Regardé comme le messie d’une
nouvelle Renaissance, il exerça sans contrôle la charge de surinten-
dant des beaux-arts et présida, en maître absolu, à tous les travaux
de décoration entrepris au palais royal de Madrid. Ce n’était donc pas
un mince honneur que d’obtenir de se faire peindre par un tel artiste,
devenu un si grand personnage. Aussi s’arrête-t-on avec quelque
curiosité devant le portrait de la marquise de Llano, qui fut, après sa
mort, donné à l’Académie par son mari, don Fernando Queipo de
Llano, diplomate, et qui avait été l’ami et l’admirateur enthou-
siaste de Mengs.

Debout sur une terrasse dominant les jardins de son palais, la
grandedameapparait, vêtue d’un gracieux costume d’Andalouse, entiè-
rement noiretblanc, les cheveux emprisonnésdans une résille et coif-
fée d’une coquette montera hardiment plantée de côté; sûrement, ainsi
déguisée, elle se rend à quelque fête, car elle tient un masque dans
 
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