LE TRÉSOR D’ARGENTERIE DE BOSCO REALE.
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sur les genoux de la jeune fille et s’apprête à lui prouver son amour.
On sait combien sont fréquentes les représentations des faiblesses
de Jupiter. Les artistes romains qui ont eu à traiter l’histoire de
Lèda l’ont fait ordinairement sans aucune réserve et, presque
toujours, imitant sans doute quelque œuvre célèbre, ils ont choisi
la scène finale et la plus intime de cette histoire. L’auteur de notre
médaillon a su rester dans des limites plus convenables. Son œuvre
n’y perd rien ; elle est pleine de fraîcheur, de grâce et de distinction.
Le miroir d’Ariane frappe par l’originalité de sa décoration. C’est
un modèle probablement unique, portant la signature de son auteur,
M. Domitius Polycnos. Le manche est formé par l’enlacement de deux
baguettes flexibles, garnies de feuilles pointues. Il est fixé à un enca-
drement circulaire, découpé à l’extérieur de façon à figurer qua-
torze croissants ouverts en dehors et dont les pointes sont terminées
par de petites boules. Un cercle en torsade, entre deux rangées de
perles, circonscrit le disque, dont le centre est occupé par un buste
d’Ariane, de la plus grande finesse. La jeune femme est couronnée
de lierre; sa tête est légèrement tournée à gauche; ses cheveux
détachés flottent au gré du vent. La draperie qui couvre ses épaules
laisse voir un sein d’une beauté merveilleuse. Un thyrse surmonté
d’unepomme de pin est placé derrière le buste. Une telle pièce faisait
la gloire de la femme qui la possédait. Plus d’une amie a dû envier
son bonheur. Le miroir, que tient une Centauresse sur un des vases
de Bernay, parait avoir été, comme celui-ci, à bordure découpée.
Telle est l’esquisse du trésor d’argenterie dont le Louvre vient
de s’enrichir. On pourrait donner encore bon nombre de détails inté-
ressants, mais il faudrait entrer dans des développements trop
longs; il serait surtout nécessaire d’aborder des questions techniques,
dont l’aridité est un peu effrayante. Ajoutons toutefois que le poids
des pièces est indiqué, soit au pointillé, soit au trait, sous la plupart
d’entre elles, en chiffres romains, par livres, demi-livres, onces,
demi-onces et scrupules. Plusieurs noms sont inscrits à côté de ces
indications pondérales, mais tous ces noms diffèrent entre eux.
Les trouvailles d’argenterie antique sont relativement nom-
breuses; ces découvertes donnent une idée de l’immense quantité de
vases et d’ustensiles en cette matière qui devaient exister dans
l’empire romain. Les inscriptions mentionnent souvent de riches
ex-voto et des statues d’argent: certains inventaires parvenus
jusqu’à nous contiennent l’énumération des trésors conservés dans
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sur les genoux de la jeune fille et s’apprête à lui prouver son amour.
On sait combien sont fréquentes les représentations des faiblesses
de Jupiter. Les artistes romains qui ont eu à traiter l’histoire de
Lèda l’ont fait ordinairement sans aucune réserve et, presque
toujours, imitant sans doute quelque œuvre célèbre, ils ont choisi
la scène finale et la plus intime de cette histoire. L’auteur de notre
médaillon a su rester dans des limites plus convenables. Son œuvre
n’y perd rien ; elle est pleine de fraîcheur, de grâce et de distinction.
Le miroir d’Ariane frappe par l’originalité de sa décoration. C’est
un modèle probablement unique, portant la signature de son auteur,
M. Domitius Polycnos. Le manche est formé par l’enlacement de deux
baguettes flexibles, garnies de feuilles pointues. Il est fixé à un enca-
drement circulaire, découpé à l’extérieur de façon à figurer qua-
torze croissants ouverts en dehors et dont les pointes sont terminées
par de petites boules. Un cercle en torsade, entre deux rangées de
perles, circonscrit le disque, dont le centre est occupé par un buste
d’Ariane, de la plus grande finesse. La jeune femme est couronnée
de lierre; sa tête est légèrement tournée à gauche; ses cheveux
détachés flottent au gré du vent. La draperie qui couvre ses épaules
laisse voir un sein d’une beauté merveilleuse. Un thyrse surmonté
d’unepomme de pin est placé derrière le buste. Une telle pièce faisait
la gloire de la femme qui la possédait. Plus d’une amie a dû envier
son bonheur. Le miroir, que tient une Centauresse sur un des vases
de Bernay, parait avoir été, comme celui-ci, à bordure découpée.
Telle est l’esquisse du trésor d’argenterie dont le Louvre vient
de s’enrichir. On pourrait donner encore bon nombre de détails inté-
ressants, mais il faudrait entrer dans des développements trop
longs; il serait surtout nécessaire d’aborder des questions techniques,
dont l’aridité est un peu effrayante. Ajoutons toutefois que le poids
des pièces est indiqué, soit au pointillé, soit au trait, sous la plupart
d’entre elles, en chiffres romains, par livres, demi-livres, onces,
demi-onces et scrupules. Plusieurs noms sont inscrits à côté de ces
indications pondérales, mais tous ces noms diffèrent entre eux.
Les trouvailles d’argenterie antique sont relativement nom-
breuses; ces découvertes donnent une idée de l’immense quantité de
vases et d’ustensiles en cette matière qui devaient exister dans
l’empire romain. Les inscriptions mentionnent souvent de riches
ex-voto et des statues d’argent: certains inventaires parvenus
jusqu’à nous contiennent l’énumération des trésors conservés dans