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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 2
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Yriarte, Charles: Isabelle d'Este et les artistes de son temps, 4, Le studiolo du Paradis
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0149

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ISABELLE D’ESTE ET LES ARTISTES DE SON TEMPS. 135

spolentini, à des marchiani, ou bien à une marquise de Mantoue,
magnanime appréciatrice du bon, du beau et des belles oeuvres? Il
n’a qu’à finir son tableau avec toute la perfection désirable, et, quant
à Sa Sublimité, elle tiendra ses engagements autrement que lui-même
n’a rempli les siens. » L’artiste promet pour la vingtième fois de
livrer l’œuvre dans quinze jours. Isabelle, au reçu de cette dernière
lettre de l’abbé, consent à parfaire les cent ducats, et le 9 juin 1505,
l’artiste ayant annoncé l’envoi de l’œuvre, le 30 juin, elle est entre
les mains de la marquise, qui semble avoir tout oublié, et répond en
ces termes au Pérugin : « J’ai reçu le tableau intact; il me plaît et
comme dessin et comme coloris, mais je regrette que Lorenzo Liom-
boni vous ait dissuadé de le peindre à rimile. > Et Pérugin de
répondre qu’il regrette de n’avoir pas su d’abord le procédé employé
par Mantegna, car il lui eût été plus facile de peindre le tableau à
l’huile qu’à tempera : l’œuvre n’en eût été que « plus délicate ».

Avons-nous la certitude, en regardant la toile du Pérugin qui
figure au Musée du Louvre sous le n° 445, d’être en face de l’œuvre
qui donna lieu à cette longue correspondance entre Isabelle et
le peintre? — Le sujet est le même, les dimensions sont identiques à
celles mentionnées dans le traité, et en même temps elles sont
conformes à celles des toiles de Mantegna auxquelles la princesse
lui recommande souvent de se conformer; enfin la désignation se
rapporte à celle du catalogue des œuvres trouvées dans la Grotta
après la mort d’Isabelle. Si nous faisons intervenir le témoignage
de la marquise en citant en son entier la lettre qu’Isabelle fait
remettre au Pérugin par Vincenzo Bolzano, il ne nous restera
aucun doute au sujet de l’identité. Nous verrons en même temps
quelles étaient les exigences de la marquise, le jour où elle accusait
le Pérugin d’avoir changé l’ordre du dessin auquel il devait s’asservir,
et d’avoir altéré le sens de 1’ « Invenzione ».

« Mon Invention poétique que je désire vous voir peindre est
une bataille de la Chasteté contre l’Amour, c’est-à-dire Pallas et Diane
combattant contre Vénus et l’Amour. Pallas semblera avoir vaincu
l’Amour; elle a brisé sa flèche d'or et son arc d’argent et les a jetés
à ses pieds; d’une main elle le tient par le bandeau que porte
l’aveugle, de l’autre elle lève la lance et va le frapper. Diane doit
avoir la même part dans cette victoire, Vénus aura été à peine
effleurée dans quelques parties de son costume : la mitre, la guir-
lande, ou le voile — (remarquons en passant la minutie du détail
 
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