Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0188

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
CORRESPONDANCE DE BELGIQUE.

173

nées à peine, a donné déjà des preuves d'une vitalité remarquable. Les traditions
locales faisaient bien augurer de son succès et le Bulletin qu’il publie nous montre,
activement associé à son œuvre, un groupe de savants et de lettrés d’une autorité
reconnue, s’appuyant sur un nombre déjà considérable de membres honoraires
dont l’intervention compte pour une part importante dans la prospérité, plus
durable à Garni qu'ailleurs en Belgique, des entreprises intellectuelles. Le Messager
des sciences historiques, notamment, a poursuivi sa publication depuis plus d’un
demi-siècle, au grand profit de l’érudition. C’est dans ses colonnes que Pinchart fit
paraître ses Archives des sciences, des lettres et des beaux-arts, ensemble de valeur
exceptionnelle pour quiconque s’intéresse à l’histoire littéraire et artistique des
-Pays-Bas. Le Cercle historique et archéologique, pour en revenir à lui, a consacré
un bon nombre de séances à l’examen de la question passionnante de la restau-
ration du château des Comtes de Flandre dont l’enceinte, le donjon et le corps
même, noyés dans une masse de constructions parasites, ont été rendus à la
lumière, pour la grande satisfaction des artistes et des archéologues. Bientôt on les
a vus aux prises dans les débats dont il s’agit. Sacrilège aux yeux des premiers, pour
les seconds, moins préoccupés du pittoresque des effets que des droits de la science
historique, la restauration s’impose. Il y a ensuite les curieux dont quelques-
uns rêvent une restitution, dût-elle entraîner l'obligation de tout reconstruire
de fond en comble. L’ameublement et jusqu'aux engins défensifs armant les créneaux
serviraient de complément obligé à cette évocation.

M. Wagener, que sa double qualité de savant archéologue et d’ami des arts
devait rendre également sympathique aux deux camps, a su faire la juste part de
la valeur des revendications produites au cours des débats, tout en concluant en
faveur de la science. Il a, je crois, rallié à sa thèse beaucoup d’hésitants et ses
paroles méritent d’être recueillies : « A côté des ruines, au point de vue du pitto-
resque, a dit l’éminent professeur, il y a l’étude et l’amour des ruines au point
de vue archéologique. L’archéologie n’est autre chose, en réalité, que l'histoire de
l’art. Elle a pour mission d’étudier les formes de l’art à travers les siècles, et une
histoire de l’art ne se conçoit pas sans une reconstitution tout au moins idéale...
Les artistes peintres, aux revendications desquels je crois avoir pleinement rendu
hommage dans ce qu’elles ont de fondé, oublient, me semble-t-il, deux choses
importantes : la première, c’est, que ce n’est pas à eux seuls ni aux archéologues de
profession qu’appartiennent les ruines du château des Comtes : elles ont été achetées
avec les deniers de tous, et le public, le grand public mérite bien aussi un peu qu on
s’occupe de lui dans la question; Pourquoi avons-nous si ardemment désiré la
conservation du château des Comtes ? Est-ce uniquement pour que les Gantois
puissent se dire ; « Nous aussi nous avons dans nos murs des ruines pittoresques » ?
Évidemment non. C’est parce que le château des Comtes est un spécimen à peu près
unique d’un château fort du moyen âge en pays plat. C'est donc un document
historique de la plus haute importance. Or, pour que le public puisse comprendre
et saisir l’importance dece document, il faut lui en faciliter le moyen. »

En somme, l’orateur, contrairement aux vues d’un groupe d’artistes, satis-
faits que l’on se contentât d’enclore les ruines d'une simple grille, conclut à
une restauration discrète de l’enceinte en attendant qu’il soit statué sur l’étendue
des travaux à faire à l’œuvre même du château. Ajoutons, pour être fidèle, que
parmi les artistes il en est de fort désireux aussi de voir une restauration intelli-
 
Annotationen