L’ENSEIGNEMENT DES BEAUX-ARTS EN FRANGE. 369
« Étant revenu à Paris, il s’en entretenait incessamment avec les
peintres et les sculpteurs de mérite, qui, comme lui, en avaient été
témoins. Peu à peu, dans ces conversations, ils projetèrent l’établis-
sement d’une semblable académie à Paris. »
On est frappé, en effet, dès le début, du rôle qu’a joué dans la
fondation de l’Académ ie ce que l’on pourrait appeler l’élément romain ;
Charles Errard, Sébastien Bourdon, François Perrier, Jacques Sar-
razin, Louis Boullogne avaient fait leurs études de l’autre côté des
monts; il en était de même de bon nombre de leurs confrères ou
successeurs : Claude Vignon, Nicolas Loir, Michel Anguier, Nicolas
et Pierre Mignard, Simon Guillain, Girardon, Thibaut Poissant, Le
Hongre, Guillaume Château, Guillaume Afollet, Laurent Magnier,
Antoine Bonzonnet Stella,Thomas Reynaudin, Charles delaFosse, etc.
La création de l’Académie de France à Rome ne fit que régulariser
le grand courant qui, depuis plus d’un siècle, entraînait nos artistes
vers la patrie par excellence de l’art moderne. Hàtons-nous d’ajouter
que l’élément flamand, qui a contribué avec l’élément italien à
imprimer à l’école française du xvne siècle sa physionomie si carac-
téristique, a été également associé, dans une large mesure, aux pre-
miers efforts et aux premiers succès de l’Académie. Dès 1648, la
nouvelle institution comptait dans son sein six maîtres originaires
des Flandres: Gérard van Obstal, Juste d’Egmont, Pierre van Mol,
Gérard Gosswin, Philippe de Champagne, Mathieu Plate Montagne.
En 1663, de nombreuses recrues vinrent renforcer le noyau primitif:
c’étaient Philippe Wleughels, Jacques van Loo, Jean-Baptiste de
Champagne, Pierre van Schuppen, Nicasius, auxquels se joignirent,,
dans la suite, Genoels, Jean Warin, G.-L. Herrard, Martin Des-
jardins, van der Meulen, Edelinck et plusieurs autres. Rubens, on
le voit, est l’ancêtre de l’Académie de peinture et de sculpture au
même titre que Raphaël.
Rien n’était plus généreux que la tentative de Le Brun, et
aucun effort ne fut plus fécond. Si l’art français a conquis le rang
qu’il occupe depuis plus de deux siècles, l’honneur en revient, il n’est
pas permis d’en douter un instant, à la forte éducation préconisée
par l’Académie. Qu’importent quelques erreurs, un goût excessif
pour la peinture littéraire, le culte des formules par trop classiques,
îe veux dire par trop conventionnelles? Si l’homme de génie peut
se passer d’une initiation régulière, il n’en est pas de même de la
masse des artistes; ils ont besoin d’un enseignement méthodique.
Le dernier des Coypel était assuré d’être l’interprète de tous ses
XIV. — 3e PÉRIODE. 47
« Étant revenu à Paris, il s’en entretenait incessamment avec les
peintres et les sculpteurs de mérite, qui, comme lui, en avaient été
témoins. Peu à peu, dans ces conversations, ils projetèrent l’établis-
sement d’une semblable académie à Paris. »
On est frappé, en effet, dès le début, du rôle qu’a joué dans la
fondation de l’Académ ie ce que l’on pourrait appeler l’élément romain ;
Charles Errard, Sébastien Bourdon, François Perrier, Jacques Sar-
razin, Louis Boullogne avaient fait leurs études de l’autre côté des
monts; il en était de même de bon nombre de leurs confrères ou
successeurs : Claude Vignon, Nicolas Loir, Michel Anguier, Nicolas
et Pierre Mignard, Simon Guillain, Girardon, Thibaut Poissant, Le
Hongre, Guillaume Château, Guillaume Afollet, Laurent Magnier,
Antoine Bonzonnet Stella,Thomas Reynaudin, Charles delaFosse, etc.
La création de l’Académie de France à Rome ne fit que régulariser
le grand courant qui, depuis plus d’un siècle, entraînait nos artistes
vers la patrie par excellence de l’art moderne. Hàtons-nous d’ajouter
que l’élément flamand, qui a contribué avec l’élément italien à
imprimer à l’école française du xvne siècle sa physionomie si carac-
téristique, a été également associé, dans une large mesure, aux pre-
miers efforts et aux premiers succès de l’Académie. Dès 1648, la
nouvelle institution comptait dans son sein six maîtres originaires
des Flandres: Gérard van Obstal, Juste d’Egmont, Pierre van Mol,
Gérard Gosswin, Philippe de Champagne, Mathieu Plate Montagne.
En 1663, de nombreuses recrues vinrent renforcer le noyau primitif:
c’étaient Philippe Wleughels, Jacques van Loo, Jean-Baptiste de
Champagne, Pierre van Schuppen, Nicasius, auxquels se joignirent,,
dans la suite, Genoels, Jean Warin, G.-L. Herrard, Martin Des-
jardins, van der Meulen, Edelinck et plusieurs autres. Rubens, on
le voit, est l’ancêtre de l’Académie de peinture et de sculpture au
même titre que Raphaël.
Rien n’était plus généreux que la tentative de Le Brun, et
aucun effort ne fut plus fécond. Si l’art français a conquis le rang
qu’il occupe depuis plus de deux siècles, l’honneur en revient, il n’est
pas permis d’en douter un instant, à la forte éducation préconisée
par l’Académie. Qu’importent quelques erreurs, un goût excessif
pour la peinture littéraire, le culte des formules par trop classiques,
îe veux dire par trop conventionnelles? Si l’homme de génie peut
se passer d’une initiation régulière, il n’en est pas de même de la
masse des artistes; ils ont besoin d’un enseignement méthodique.
Le dernier des Coypel était assuré d’être l’interprète de tous ses
XIV. — 3e PÉRIODE. 47