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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 5
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Molinier, Émile: Un groupe en ivoire du musée du Louvre: le couronnement de la Vierge
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0423

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LE COURONNEMENT DE LA VIERGE.

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pas, si je ne me trompe, jusqu’à l’exposition rétrospective de 1878.
A ce moment, le musée de Chambéry envoya au Trocadéro deux
figures d’anges en ivoire du même style que le groupe du Louvre.
La distinction des figures, leurs ornements polychromes semblables,
leur origine commune, car le groupe provenait originairement de
Chambéry ou des environs, tout concourait à indiquer un rappro-
chement. Plusieurs le firent et, dans un nouvel article de. la Gazette
des Beaux-Arts, ce fut encore Darcel qui se fit l'écho de cette opinion.

Des négociations furent-elles entamées à ce moment pour faire
entrer au Louvre ces figurines et y compléter un monument absolu-
ment unique? Je l’ignore ; en tout cas. le Trocadéro fermé, les angelots
reprirent le chemin de Chambéry. Néanmoins, leur courte apparition
n’avait pas été inutile ; elle avait ouvert les yeux des amateurs et des
archéologues : feuilletant leurs souvenirs, ils se remirent en mémoire
certain personnage agenouillé, en ivoire également, venant lui aussi
de Chambéry, que le comte Costa de Beauregard avait prêté à l’Expo-
sition de 1867; cette charmante pièce était devenue depuis la
propriété du baron Gustave de Rothschild, et des traces d’orfrois
et de dorure, autant que des ressemblances de style, paraissaient
indiquer une origine commune. De fil en aiguille on en vint à penser
que ce groupe vraiment royal pourrait bien être le Couronnement de
la Viergeh cinq personnages qui figure dans l’inventaire du trésor du
roi Charles Y qu’a publié Labarte. Sous le n° 2030 en effet, on y voit
mentionné « un couronnement Nostre-Seigneur à Nostre-Dame,
d’yvire, et trois angelotz de mesme, assiz en un siège (c’est-à-dire
une terrasse) de cèdre ». Je sais bien qu’on peut objecter que nous
ne connaissons véritablement jusqu’ici que deux « angelotz » et que
le troisième personnage, barbu et coiffé d’un bonnet, possédé par
M. Gustave de Rothschild, ne peut prétendre à ce titre. Mais pour
peu qu’on ait pratiqué les inventaires du moyen âge, on sait qu’on
ferait bien souvent fausse route si on les suivait rigoureusement
à la lettre. D’ailleurs, dans l’un et l’autre cas, qu’on accepte ou non
une semblable identification, nous avons un monument d’origine
royale et un Couronnement de la Vierge à cinq personnages, ce qui ne
laisse pas que de rendre notre hypothèse très séduisante. Comment
du trésor des rois de France ce groupe passa-t-il en Savoie? Jusqu’ici
on n’a pu le savoir certainement. Il est permis de conjecturer qu'il
fut offert, comme mainte œuvre d’art du même genre, à un prince
de la maison de Savoie, et qu'il demeura dans son intégrité jusqu’à
la fin du siècle dernier, enfoui au fond de quelque église.
 
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