L’ENSEIGNEMENT DES BEAUX-ARTS EN FRANGE. 473
fatigué, .ne tarda pas à se décharger sur ses confrères de ces soins
minutieux, et peu à peu les élèves, découragés, se désaffectionnèrent,
puis désertèrent.
Chez l’institution rivale, la détresse devient si grande que, le
7 septembre 1652, Girar, le modèle, ayant représenté qu’il ne pou-
vait tenir l’académie pour le peu d’écoliers qui venaient y dessiner,
rendit son tablier, ou, pour parler le langage académique, remit les
clefs de la salleen pleine assemblée d’académie (les carnets conservés
à 1 École des Beaux-arts ne mentionnent en effet, pour cette époque,
qu’une douzaine d’élèves). Cependant il y avait une vertu immanente
dans la nouvelle institution : dès le mois de novembre suivant, le mo-
dèle reprenait ses fonctions. Aussi bien les professeurs donnèrent-ils
l’exemple du dévouement, du désintéressement : LouisTestelin allajus-
qu’à prendre à sa charge l’entretien du modèle, le loyer, le chauffage.
Dès le premier jour, l’Académie avait proclamé le principe delà
gratuité de l’enseignement. En attendant, les charges fort lourdes
qui pesaient sur la nouvelle institution l’obligèrent à exiger une rede-
vance hebdomadaire de 10 sols, somme à peine suffisante pour les
dépenses matérielles. Ce droit fut plus tard abaissé à 10 sols par mois
jusqu’à ce que, en décembre 1683, Louvois en ordonnât la suppression
complète. Rétabli à quelque temps de là, il fut de nouveau supprimé
en juillet 1693, puis rétabli en juillet 1699, pour être derechef sup-
primé le 24 août 1706. Outre la rétribution scolaire proprement dite,
les élèves étaient tenus de payer un écu d’or au moment de leur ins-
cription (statuts de 1651, article 9) et 50 sols par trimestre pour les
« billets de protection ».
Point d’argent et point d’autorité : tout le secret des fluctuations
de l’Ecole académique est là. Quelque Mécène du dehors ou quelque
académicien généreux fournit-il les ressources nécessaires pour l’en-
tretien de l’École, ou bien un des professeurs donne-t-il le signal de
l'assiduité aux leçons, vite l’amphithéâtre se repeuple.
L’Académie, réorganisée, fortifiée, ne tarda pas à sévir contre
ceux de ses membres qui négligeaient leur plus belle mission, l’en-
seignement. Elle alla jusqu’à réprimander un professeur qui avait
fait placer le modèle par son fils.
Elle veilla d’autre part au strict maintien de la discipline parmi
les élèves, ou, comme on les appelait alors, les étudiants. Les procès-
verbaux de ses séances sont remplis de mesures de rigueur contre
cette jeunesse turbulente. D’ordinaire, on exilait les coupables pour
un temps plus ou moins long, ou même à perpétuité. A chaque instant
XIV. — 3« période. 60
fatigué, .ne tarda pas à se décharger sur ses confrères de ces soins
minutieux, et peu à peu les élèves, découragés, se désaffectionnèrent,
puis désertèrent.
Chez l’institution rivale, la détresse devient si grande que, le
7 septembre 1652, Girar, le modèle, ayant représenté qu’il ne pou-
vait tenir l’académie pour le peu d’écoliers qui venaient y dessiner,
rendit son tablier, ou, pour parler le langage académique, remit les
clefs de la salleen pleine assemblée d’académie (les carnets conservés
à 1 École des Beaux-arts ne mentionnent en effet, pour cette époque,
qu’une douzaine d’élèves). Cependant il y avait une vertu immanente
dans la nouvelle institution : dès le mois de novembre suivant, le mo-
dèle reprenait ses fonctions. Aussi bien les professeurs donnèrent-ils
l’exemple du dévouement, du désintéressement : LouisTestelin allajus-
qu’à prendre à sa charge l’entretien du modèle, le loyer, le chauffage.
Dès le premier jour, l’Académie avait proclamé le principe delà
gratuité de l’enseignement. En attendant, les charges fort lourdes
qui pesaient sur la nouvelle institution l’obligèrent à exiger une rede-
vance hebdomadaire de 10 sols, somme à peine suffisante pour les
dépenses matérielles. Ce droit fut plus tard abaissé à 10 sols par mois
jusqu’à ce que, en décembre 1683, Louvois en ordonnât la suppression
complète. Rétabli à quelque temps de là, il fut de nouveau supprimé
en juillet 1693, puis rétabli en juillet 1699, pour être derechef sup-
primé le 24 août 1706. Outre la rétribution scolaire proprement dite,
les élèves étaient tenus de payer un écu d’or au moment de leur ins-
cription (statuts de 1651, article 9) et 50 sols par trimestre pour les
« billets de protection ».
Point d’argent et point d’autorité : tout le secret des fluctuations
de l’Ecole académique est là. Quelque Mécène du dehors ou quelque
académicien généreux fournit-il les ressources nécessaires pour l’en-
tretien de l’École, ou bien un des professeurs donne-t-il le signal de
l'assiduité aux leçons, vite l’amphithéâtre se repeuple.
L’Académie, réorganisée, fortifiée, ne tarda pas à sévir contre
ceux de ses membres qui négligeaient leur plus belle mission, l’en-
seignement. Elle alla jusqu’à réprimander un professeur qui avait
fait placer le modèle par son fils.
Elle veilla d’autre part au strict maintien de la discipline parmi
les élèves, ou, comme on les appelait alors, les étudiants. Les procès-
verbaux de ses séances sont remplis de mesures de rigueur contre
cette jeunesse turbulente. D’ordinaire, on exilait les coupables pour
un temps plus ou moins long, ou même à perpétuité. A chaque instant
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