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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
sentimentale, mêlée d’ariettes, de Nina ou la Folle par amour, an
dénouement agréable, puisque, la nouvelle de la mort de Germeuil
étant le résultat d’une erreur, son retour rend à Nina la raison.
Dalayrae écrivit sur ce canevas enfantin de charmantes mélo-
dies, et la première représentation eut lieu, à la Comédie italienne,
le 19 mai 178(1, non sans que le duc de Coigny en cueillit la primeur
à Choisy, et qu’une représentation par souscription l’eût préala-
blement fait connaître à un public enthousiaste autant qu’élégant,
sur le petit théâtre de la Guimard, à la Chaussée-d’Àntin.
Ce fut un triomphe pour Mme Dugazon, secondée par Michu dans
le rôle de Germeuil. Nina fut attendrissante, pathétique, à ce point
sublime et vraie, que les hommes sanglotaient et qu’à chaque repré-
sentation des femmes ne manquaient pas de s’évanouir.
« Jamais, écrivait Grimm, on n’a déployé une sensibilité plus
exquise et plus profonde. »
On conçoit la vive impression ressentie par notre ami Hoin,
grand amateur de théâtre et de jolies femmes, et qu’il ait mis avec
joie son talent au service de tant de charmes. A qui dut-il de se
rapprocher de la déesse? Est-ce à son ami Colson, frère de Gilles
Colson dit Bellecour, un des comédiens réputés d’alors ? Est-ce à
l’acteur-auteur Boutet dit Monvel, dont le portrait-médaillon, réuni
dans un même cadre à celui de la Dugazon, tous deux de la main de
Iloin, se trouve au musée de Dijon? Ne serait-ce pas plutôt à son
compatriote, le vaudevilliste Badet, le collaborateur de Barré, fon-
dateur du Vaudeville, et du compositeur Dalayrae ?
Il ne manquait toujours pas de moyens de contempler son
idole. 11 a fait d’elle nombre de dessins, d’études, de gouaches
achevées, et nous ne serions pas étonné de retrouver dans un pastel
de la collection Mtihlbacher, seulement attribué à Claude Hoin bien
que signé, l’étude, grandeur nature, de la tète de la Dugazon qui
lui aurait servi pour la belle gouache gravée par Janinet : même
tête renversée, mêmes yeux bleus levés au ciel, même nez carac-
téristique, avec un air plus souriant. La facture veloutée décèle
l’admirateur de la Rosalba, et, dans l’expression, le disciple et peut-
être le copiste de Greuze. C’est un pastel intéressant néanmoins pour
le sujet qui nous occupe.
Chez le même amateur figurait encore une esquisse de la com-
position achevée, signée Hoin de Dijon, offrant certaines différences
avec elle ; cette aquarelle, légèrement gouachée, a été, à la vente,
appréciée comme elle méritait de Eêtre.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
sentimentale, mêlée d’ariettes, de Nina ou la Folle par amour, an
dénouement agréable, puisque, la nouvelle de la mort de Germeuil
étant le résultat d’une erreur, son retour rend à Nina la raison.
Dalayrae écrivit sur ce canevas enfantin de charmantes mélo-
dies, et la première représentation eut lieu, à la Comédie italienne,
le 19 mai 178(1, non sans que le duc de Coigny en cueillit la primeur
à Choisy, et qu’une représentation par souscription l’eût préala-
blement fait connaître à un public enthousiaste autant qu’élégant,
sur le petit théâtre de la Guimard, à la Chaussée-d’Àntin.
Ce fut un triomphe pour Mme Dugazon, secondée par Michu dans
le rôle de Germeuil. Nina fut attendrissante, pathétique, à ce point
sublime et vraie, que les hommes sanglotaient et qu’à chaque repré-
sentation des femmes ne manquaient pas de s’évanouir.
« Jamais, écrivait Grimm, on n’a déployé une sensibilité plus
exquise et plus profonde. »
On conçoit la vive impression ressentie par notre ami Hoin,
grand amateur de théâtre et de jolies femmes, et qu’il ait mis avec
joie son talent au service de tant de charmes. A qui dut-il de se
rapprocher de la déesse? Est-ce à son ami Colson, frère de Gilles
Colson dit Bellecour, un des comédiens réputés d’alors ? Est-ce à
l’acteur-auteur Boutet dit Monvel, dont le portrait-médaillon, réuni
dans un même cadre à celui de la Dugazon, tous deux de la main de
Iloin, se trouve au musée de Dijon? Ne serait-ce pas plutôt à son
compatriote, le vaudevilliste Badet, le collaborateur de Barré, fon-
dateur du Vaudeville, et du compositeur Dalayrae ?
Il ne manquait toujours pas de moyens de contempler son
idole. 11 a fait d’elle nombre de dessins, d’études, de gouaches
achevées, et nous ne serions pas étonné de retrouver dans un pastel
de la collection Mtihlbacher, seulement attribué à Claude Hoin bien
que signé, l’étude, grandeur nature, de la tète de la Dugazon qui
lui aurait servi pour la belle gouache gravée par Janinet : même
tête renversée, mêmes yeux bleus levés au ciel, même nez carac-
téristique, avec un air plus souriant. La facture veloutée décèle
l’admirateur de la Rosalba, et, dans l’expression, le disciple et peut-
être le copiste de Greuze. C’est un pastel intéressant néanmoins pour
le sujet qui nous occupe.
Chez le même amateur figurait encore une esquisse de la com-
position achevée, signée Hoin de Dijon, offrant certaines différences
avec elle ; cette aquarelle, légèrement gouachée, a été, à la vente,
appréciée comme elle méritait de Eêtre.