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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 1
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Gauthiez, Pierre: Notes sur Bernardino Luini, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0036

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tiré des archives locales prouverait, d'autre part, que Luini revenait
peindre ici en l'année 1546 et revenait encore en 1547. Je crois que
les deux grandes fresques de Jésus 'parmi les Docteurs et du Mariage
de la Vierge pourraient être de cette seconde période. Plus larges,
smon plus parfaites, que celles du chœur, où l’inspiration suprême
du peintre s’est rencontrée, c’est la perfection de la vie dans l'idéal,,
l’épanouissement souverain, tout ce qu’un artiste peut révéler de
plus radieux. L’expression, si diverse et si intense, de ces femmes,
ces vieillards, où l’on veut trouver l’image de Léonard et la sienne,
et les saintes qu’il a placées devant les anges à genoux, tant de
personnages, qui forment un peuple surnaturel, sont dignes les uns
et les autres de l’inscription qui fut tracée auprès de la Sibylle dans
un pendentif : « pulcram (sic) faciem », le beau visage !

Il amasse dans cette église, qu’il semble avoir aimée avec pré-
dilection, les créations d’un art qui atteint sa plus entière harmonie.
Prodigue jusqu’à dessiner des mosaïques, des vitraux, jusqu’à se
perdre dans les coupoles, il dissimulera, dans un réduit auprès de
l’autel, simple annexe à peine visitée, une sainte Apollonie, une
sainte Catherine, deux anges offrant l’encens et les burettes1, qui ont
épuisé le miracle de sa manière.

Artiste vrai, comme bien d’autres avant lui, comme quelques-
uns après lui ; joyeux de répandre son art comme les arbres et les
plantes répandent leurs fleurs et leurs fruits, artisan merveilleux,
aimant l’ouvrage, en voulant faire le plus possible et le plus beau,
sans penser à rien d’autre, assez content s’il rencontrait une large
muraille claire, dans un monastère paisible, et capable de décorer
encore les coins et les voûtes, pour rien, pour l’amour de bien peindre.

Entre les Sainte Catherine de Luini, l’admiration hésiterait.
Lorsqu’on voit celle de Saronno2, il semble que c^est la plus belle ;
mais si l’on revient à Brera, si l'on retrouve celle du Monastero
Maggiore, chacune prend un sortilège qui la fait préférer, pour
l’heure où l’on est devant elle. Celle-ci, la plus sereine de toutes, il
l'aurait créée durant son premier séjour, alors qu’il se réfugiait

tamente e per clivozione l’anno 1547 (net 1546, faceva anche la storia di Caïno
e Abele » (Notes Beltrami-Motta). Galvi, auteur des Notizie sulla vita e suite opéré
clei principali architelti, scultori e pittori che fiorirono in Milano durante il governo
dei Visconti e degli Sforza (Milan, 1859-1869, 3 vol. in-8°), préparait une notice sur
Luini qu'il ne put achever (V. préface de Léonard de Vinci. Notizie, t. III). On
peut consulter encore, sur Saronno : Catena, Santuario di Saronno (Monza, 1816).

1. Voir reproduction, tome précédent, p. 317.

2. Voir reproduction, tome précédent, p. 313.
 
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