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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 1
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Gauthiez, Pierre: Notes sur Bernardino Luini, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0046

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NOTES SUR BERNARDINO LUINI

37

Dans ce même sonnet, Lomazzo disait à Bernardino Luini, après
avoir célébré la beauté de ses « lumières luisantes » et des « expres-
sions divines qu’il donnait aux célestes faces » :

Et votre renommée s’élève
Encore plus haut par l’art de montrer
En vers ce qui vous traverse l'esprit.

Ainsi le père fut poète avant son fils Aurelio ; est-il juste de
dire que «Luini ne sut jamais que la peinture... tout comme le
Pérugin, les Bellini, Lima, Carpaccio ? 1 » La poésie explique bien
cette suavité profonde du génie, cet art plus subtil, la composition
plus diverse et plus rafiinée de ses œuvres peintes et le caractère si
noble et si voluptueux de ses figures 2.

Pour juger la distance qui séparait les fils du père, il suffirait
de regarder, dans cette même église, Jésus montré au peuple, par le
meilleur des trois, Aurelio ; ou simplement, prenez un des putti, ces
bambins, ces angelots d’une ingénuité divine, si riants, si douillets,
si souples, que Bernardino Luini peignit des cierges à la main,
avec leurs draperies transparentes, agenouilla dans leurs belles
petites robes; et puis, regardez, un peu plus loin, ce petit ange qui
soulève une draperie ; celui-là, déhanché, lissé, c’est un putto d'Au-
relio. Je l’ai dit, ailleurs : « Le temps des épigones était venu. »
Aurelio n'avait gardé que 1 habileté manuelle, la rapidité de son
père, « prontissimo », dit Lomazzo, et sa passion pour le Vinci, dont
il conservait des ouvrages avec piété *.

IV

Après leMonastero Maggiore, la sombre église de Samte-Marie-
des-Grâces4, où glisse encore l’ombre triste de Béatrice Sforzas, semble

1. Müntz, Histoire de l'Art pendant la Renaissance, t. I, p. 193.

2. Bibliographie pour le Monastero Maggiore : Cenni intorno alla chiesa del
Monastcro Maggiore in Milano dedicata ai SS. Maurizio e Sigismondo, ora sassi-
diaria a Santa Maria délia Porta. Milano, tip. Lampechi (1862), in-8°, p. 7 ; —
Ueber Luini's Fresken in S. Maurizio zu Mailand (Zeitschrift fur bildende Kunst,
xii, 1878, 2e fasc., p. 41 et suiv.).

3. Lomazzo, Tratt., 1. VI, ch. xxxiii, p. 360. Il s’agit d’un petit livre de dessins
du Vinci, contenant une cinquantaine de caricatures, et que possédait Aurelio.
Il possédait encore des dessins de Léonard au crayon rouge. (Idca del Tempio,
etc., p. 55.)

4. V. sur cette église : La Chiesa delle Grazie in Milano, par C. Cantù, A. Colla
et P. Brambilla. Milan, 1879, in-8°.

5. Walter Pater, The Renaissance. Londres, Macmillan, 1877, in-8°, p. 128-129.
 
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