DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Nolhac, Pierre de: Les Bosquette de Versailles, [2]
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0059
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
céleste ; Mars est à cheval sur un lion qui dévore un loup ; Pluton, le
trident à la main, a pour monture Cerbère enchaîné et marchant sur
des vases précieux et des symboles de richesse. Les trois sculpteurs
sont: Pierre Le Gros, de Chartres; Martin Desjardins, de Bréda;
Benoît Massou, de Richelieu. A l’entrée des perspectives, quatre
groupes de deux Amours, portés dans de grandes coquilles, se livrent
à des divertissements variés; ceux de Massou « se jouent avec un
grillon qui fait un jet d’eau » ; ceux de Tuby, avec un cygne, dont le
cou verticalement dressé lance également un jet d’eau; ceux de
Houzeau, avec une écrevisse de mer, et ceux de Le Gros, avec une
lyre. A l’entrée du Théâtre est un huitième groupe de plomb doré,
placé au sommet d’un petit rocher sur trois coquilles superposées;
c’est un Amour sur un dauphin se retournant pour prendre une
flèche dans son carquois d’où un jet d’eau s’élance; le groupe est de
Gaspard Marsy. Les bas-reliefs de douze vases « de bronze », c’est-à-
dire probablement de plomb recouvert de bronzure dorée, complètent
la décoration sculpturale de ce palais des eaux. Cela fait un ensemble
d’un éclat extraordinaire, et l’on comprend que ce soit le lieu où
notre Denis, élevant subitement le ton, se mette à célébrer Le Roi
inventeur de tout :
Ce qui doit augmenter notre admiration,
Au Roi de toute chose on doit l’invention.
De toutes les beautés, de toutes les merveilles
Qui charment les esprits, les yeux et les oreilles,
De tout ce qui ravit, de tout ce qui surprend,
De tout ce que Versailles a de rare et de grand
On doit l’invention à son puissant génie,
Que le Ciel a comblé d’une grâce infinie.
Il est vrai que Le Brun, ce peintre ingénieux,
Le plus docte en son art qui soit dessous les cieux.
Excite ce monarque à former des idées
Que d’autres potentats n’ont jamais possédées.
Aussitôt les sculpteurs, peintres et tapissiers,
Architectes, graveurs et les autres ouvriers (sic),
Suivant l’ordre du Roi, sont tous sous sa conduite
Dont on voit tous les jours le succès et la suite...
L’abondant fontainier poursuit de bien d’autres louanges « cette
personne illustre » qu'est le premier peintre du Roi, et aussi M. Le
Nôtre, et aussi M. Bontemps, gouverneur de Versailles ; il excepte
seul de sa distribution de rimes Batteuses l’homme qui est justement
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
céleste ; Mars est à cheval sur un lion qui dévore un loup ; Pluton, le
trident à la main, a pour monture Cerbère enchaîné et marchant sur
des vases précieux et des symboles de richesse. Les trois sculpteurs
sont: Pierre Le Gros, de Chartres; Martin Desjardins, de Bréda;
Benoît Massou, de Richelieu. A l’entrée des perspectives, quatre
groupes de deux Amours, portés dans de grandes coquilles, se livrent
à des divertissements variés; ceux de Massou « se jouent avec un
grillon qui fait un jet d’eau » ; ceux de Tuby, avec un cygne, dont le
cou verticalement dressé lance également un jet d’eau; ceux de
Houzeau, avec une écrevisse de mer, et ceux de Le Gros, avec une
lyre. A l’entrée du Théâtre est un huitième groupe de plomb doré,
placé au sommet d’un petit rocher sur trois coquilles superposées;
c’est un Amour sur un dauphin se retournant pour prendre une
flèche dans son carquois d’où un jet d’eau s’élance; le groupe est de
Gaspard Marsy. Les bas-reliefs de douze vases « de bronze », c’est-à-
dire probablement de plomb recouvert de bronzure dorée, complètent
la décoration sculpturale de ce palais des eaux. Cela fait un ensemble
d’un éclat extraordinaire, et l’on comprend que ce soit le lieu où
notre Denis, élevant subitement le ton, se mette à célébrer Le Roi
inventeur de tout :
Ce qui doit augmenter notre admiration,
Au Roi de toute chose on doit l’invention.
De toutes les beautés, de toutes les merveilles
Qui charment les esprits, les yeux et les oreilles,
De tout ce qui ravit, de tout ce qui surprend,
De tout ce que Versailles a de rare et de grand
On doit l’invention à son puissant génie,
Que le Ciel a comblé d’une grâce infinie.
Il est vrai que Le Brun, ce peintre ingénieux,
Le plus docte en son art qui soit dessous les cieux.
Excite ce monarque à former des idées
Que d’autres potentats n’ont jamais possédées.
Aussitôt les sculpteurs, peintres et tapissiers,
Architectes, graveurs et les autres ouvriers (sic),
Suivant l’ordre du Roi, sont tous sous sa conduite
Dont on voit tous les jours le succès et la suite...
L’abondant fontainier poursuit de bien d’autres louanges « cette
personne illustre » qu'est le premier peintre du Roi, et aussi M. Le
Nôtre, et aussi M. Bontemps, gouverneur de Versailles ; il excepte
seul de sa distribution de rimes Batteuses l’homme qui est justement