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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 1
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Müntz, Eugène: À travers la Souabe, [3]: Stuttgart - Ulm - Blaubeuren - Sigmaringen; notes d'art et d'archéologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0066

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A TRAVERS LA SOUABE

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faire se peut. Comme revers de la médaille, je signalerai les mains
trop effilées pour des mains d’hommes (c’est la caractéristique
du maître), et une tonalité trop brune, qui jure avec la gamme
parfois trop blafarde de la première manière. Malgré cela, les fonds
ne s’enlèvent pas suffisamment et l’ensemble paraît trop plat. Dans
la scène où saint Valentin guérit un enfant épileptique, il faut
admirer l’attitude si vraie et si pathétique de la mère gémissant1.

Le retable d’Escbach, partagé entre le musée de Stuttgart et le
musée de Berlin [UAnnonciation, La Visitation, La Nativité, des
saints et des saintes, La Véronique), est plein de recueillement et d’in-
timité, et offre aussi une certaine pureté dans les types, parfois trop
souffreteux : les femmes y ont le nez un peu long et un peu rougeaud
au bout; les attitudes sont quelque peu forcées. Quant au coloris, il
est mince et transparent. Zeitblom ne s’entend pas à faire concourir
le ton des draperies à l’effet d'ensemble : à son saint Jean, dont la
tète, d’une douceur et d’une légèreté indicibles, peut se mesurer avec
les meilleurs modèles italiens, il donnera, comme au hasard, un
manteau vert et une tunique rouge. Une autre lacune du talent de
Zeitblom, c’est son ignorance de la perspective : pour corriger ce
défaut, il se plaît à poser ses personnages sur des carreaux, dont la
juxtaposition lui permet d’obtenir du moins un semblant de per-
spective linéaire. Son triomphe, ce sont les ligures isolées : les
grandes compositions ne lui réussissent guère. Par impuissance aussi,
probablement, le brave peintre souabe évite les gestes trop violents :
voyez cette Rencontre de sainte Elisabeth et de la Vierge ; quelle
froideur, quel manque d’animation! Ne lui demandez pas de sortir
des attitudes calmes et dolentes.

Dans la même collection, il faut rendre un tribut d’hommages
aux figures — sur fond d’or — de saint Augustin et de saint Grégoire
le Grand : à ces tètes, modelées à la perfection et dans une gamme
aussi juste que fine, il ne manque que ce je ne sais quoi d’indéfinis-
sable qui s’appelle la vie.

A Ulm, les volets du retable du couvent des Augustins, trans-
portés à la sacristie de la cathédrale [JJAnnonciation, La Présentation
au temple, La Circoncision, L’Assomption, etc.) passent pour un pro-
duit de la collaboration du maître avec ses élèves. Ils forment tan-
tôt de charmants tableaux d’intérieur, tantôt des scènes graves et
recueillies. Celles-ci surtout conviennent au talent de Zeitblom. Par
contre, lorsqu’il s’attaque à un sujetdramatique, il montre beaucoup
1. Reprod. dans la Gazette des Beaux-Arts, 2e pér., t. XVI, p. 493.

XXIII. — 3' PÉRIODE.
 
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