72
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
dans Y Éléphant, également de Bosch, les mêmes armes bizarres,
d'une fantaisie si variée, que l’on remarque dans l’œuvre dont
nous nous occupons.
A l’Escurial, un Couronnement d’épines peut être considéré
comme appartenant au même genre sérieux. On y retrouve des
types que l’on dirait peints d'après les modèles ayant servi pour
le tableau de Gand. Les accessoires et costumes sont analogues.
La même flèche, passée dans la botte d’un soldat de YÉcce honio,
se voit, passée dans la ganse du chapeau d’un des bourreaux du
Christ du Couronnement d'épines.
Ayant fait faire une photographie de YEcce homo, je l’ai soumise
à mes principaux collègues : MM. Lafenestre du Louvre, Bredius
de La Haye, ainsi que Friedlænder et Bode,, du musée de Berlin.
Ceux-ci écartent l’attribution à Bies et, réserves faites quant à la
difficulté de juger une œuvre sur photographie, croient y recon-
naître la manière et les types de Jérôme Bosch.
11 est à remarquer que ces spécialistes n’ont pu juger de la
facture et de la couleur qui — comme nous l’avons vu plus haut —
est bien celle du peintre de Bois-le-Duc.
M. A. Schaeffer, directeur et conservateur des Musées impériaux
de Vienne, est plus explicite ; il reconnaît formellement, dans la
photographie envoyée, une œuvre de Bosch analogue au Martyre
de sainte Julie de Vienne., dont nous donnons ici une reproduction.
Cette composition forme le panneau central d’un triptyque
(n° 653 du catalogue), qui présente avec ses volets un ensemble
des plus instructifs pour l’étude de ce maître parfois déconcertant.
Effectivement, si, dans le volet de gauche, représentant une
Tentation de saint Antoine, nous retrouvons son sujet favori, pré-
texte habituel aux « diableries » où il excellait, et dans le volet
de droite un Guerrier conduit par un moine, un de ces paysages
bizarres où l’auteur de la Baleine et de Y Eléphant (n. m.) donne
libre cours à sa fantaisie la plus capricieuse, le Martyre de sainte
Julie montre un des rares tableaux où il se soit essayé, comme
dans YEcce homo, à une composition d’intentions plus sérieuses.
On remarquera, à première vue, les similitudes qui existent
entre les deux œuvres et on constatera qu’elles sont trop nombreuses
1. C’est probablement la composition qui fut plus tard retouchée par Lam-
bert Lombart. (Commentaires de H. Hymans, p. 170.)
2. D’après un document trouvé par M. Gody Kindel, dans les archives de
l’Université de Bonn.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
dans Y Éléphant, également de Bosch, les mêmes armes bizarres,
d'une fantaisie si variée, que l’on remarque dans l’œuvre dont
nous nous occupons.
A l’Escurial, un Couronnement d’épines peut être considéré
comme appartenant au même genre sérieux. On y retrouve des
types que l’on dirait peints d'après les modèles ayant servi pour
le tableau de Gand. Les accessoires et costumes sont analogues.
La même flèche, passée dans la botte d’un soldat de YÉcce honio,
se voit, passée dans la ganse du chapeau d’un des bourreaux du
Christ du Couronnement d'épines.
Ayant fait faire une photographie de YEcce homo, je l’ai soumise
à mes principaux collègues : MM. Lafenestre du Louvre, Bredius
de La Haye, ainsi que Friedlænder et Bode,, du musée de Berlin.
Ceux-ci écartent l’attribution à Bies et, réserves faites quant à la
difficulté de juger une œuvre sur photographie, croient y recon-
naître la manière et les types de Jérôme Bosch.
11 est à remarquer que ces spécialistes n’ont pu juger de la
facture et de la couleur qui — comme nous l’avons vu plus haut —
est bien celle du peintre de Bois-le-Duc.
M. A. Schaeffer, directeur et conservateur des Musées impériaux
de Vienne, est plus explicite ; il reconnaît formellement, dans la
photographie envoyée, une œuvre de Bosch analogue au Martyre
de sainte Julie de Vienne., dont nous donnons ici une reproduction.
Cette composition forme le panneau central d’un triptyque
(n° 653 du catalogue), qui présente avec ses volets un ensemble
des plus instructifs pour l’étude de ce maître parfois déconcertant.
Effectivement, si, dans le volet de gauche, représentant une
Tentation de saint Antoine, nous retrouvons son sujet favori, pré-
texte habituel aux « diableries » où il excellait, et dans le volet
de droite un Guerrier conduit par un moine, un de ces paysages
bizarres où l’auteur de la Baleine et de Y Eléphant (n. m.) donne
libre cours à sa fantaisie la plus capricieuse, le Martyre de sainte
Julie montre un des rares tableaux où il se soit essayé, comme
dans YEcce homo, à une composition d’intentions plus sérieuses.
On remarquera, à première vue, les similitudes qui existent
entre les deux œuvres et on constatera qu’elles sont trop nombreuses
1. C’est probablement la composition qui fut plus tard retouchée par Lam-
bert Lombart. (Commentaires de H. Hymans, p. 170.)
2. D’après un document trouvé par M. Gody Kindel, dans les archives de
l’Université de Bonn.