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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0096

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8G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Le souci de la couleur locale préoccupa davantage Alexandre Bida, qui,
d'ailleurs, avait visité l’Orient, et son illustration des Saints Évangiles, publiée
par Hachette en 1873, et si bien appréciée ici-même par M. GastonPàris i, ensemble
où «le courant religieux et le courant historique se côtoient sans mêler leurs
eaux», reste, malgré cette absence d’homogénéité, une œuvre grande et noble.

En dirons-nous autant de l’avant-dernière en date de ces grandes entre-
prises, les 86b compositions dont M. James Tissot a illustré La Vie de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ, et que la maison Marne a publiées dans une édition monumen-
tale et renommée? L’exactitude du décor, à laquelle M. Ary Renan rendit ici un
hommage mérité2, est parfaite; mais il faut bien ajouter qu'elle prédomine au
point d’absorber tout le reste, et que l’œuvre, suivant une juste critique de
M. J.-K. Huysmans, « est une des moins religieuses qui soient3 ».

Toute différente est la nouvelle édition des Saints Évangiles par la maison
Boussod. C’est à des maîtres qui, eux, ne se souciaient guère de vérité archéo-
logique, mais qui, par contre, la plupart, s’efforcaient avant tout de traduire
dans leurs œuvres l’émotion ressentie à la lecture de la vie du Christ, aux
peintres des xiv°, xve et xvie siècles, qu’elle a demandé l’illustration du texte sacré.

Vraiment, l'idée est excellente. Seuls les Primitifs, en ces époques de foi où
la vie était tout imprégnée de la doctrine chrétienne, ont su comprendre et
exprimer le côté religieux des scènes évangéliques, et si les peintres de la
Renaissance sacrifient souvent le fond au décor, il reste pourtant encore beau-
coup chez eux du sentiment de leurs prédécesseurs. Aucune autre paraphrase
iconographique de l'Évangile, semble-t-il, ne saurait donc être aussi bien en
harmonie, sinon avec la lettre, du moins avec l’esprit des saints livres.

Cet ouvrage offre un attrait de plus : c’est, en quelque sorte, une galerie des
chefs-d’œuvre de l’art chrétien qui nous est offerte, et elle sera très appréciée
des historiens ou des simples curieux d’art : quel intérêt ne résulte pas du grou-
pement des diverses Madones, Annonciations, Adorations des Bergers ou des Mages,
Crucifixions, Dépositions de Croix, etc., inspirées aux maîtres les plus différents
des différentes écoles : Italiens appliqués à créer des types de beauté et de
noblesse ; artistes du Nord « mettant leurs soins » non pas précisément, comme
dit M. Müntz dans les Notes d'art, qui accompagnent cet ouvrage, à « représenter
l’humanité humble, pauvre et laide », mais à faire exprimer par leurs per-
sonnages, simplement copiés d'après les types qu’ils avaient sous les yeux, le
plus d’émotion possible ; et tous rivalisant d’inventions ingénieuses et pittoresques !

Voici, presque côte à côte (nous ne citons que les œuvres les plus intéres-
santes) les Christs de Raphaël à Florence et de Jan van Eyck à Berlin ; —- les
Vierges de Crivelli à Milan et à Bruxelles, de Filippo Lippi à Florence et à Berlin,
de Cosimo Tura à la National Gallery, de Fiorenzo di Lorenzo, de Raffaellino del
Garbo, de Lippo Memmi et de Lorenzo di Credi à Berlin, de Botticelli au Louvre,
à Florence, à Berlin, etc., de Quinlen Massys et de Jan van Eyck à Berlin, de
Ilolbein à Darmstadt, de Cranach le vieux à Berlin, combien d’autres encore...; —
les Annonciations de Fra Angelico à Madrid et à Florence, de Cri velli, de Fran-
cesco Cossa et de Filippo Lippi à la National Gallery, de Pollajuolo, de G. Ferrari

F V. Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. XIII, p. 336 et suiv.

2. V. Gazette des Beaux-Arts, 3° pér., t. XVII, p. 421, et t. XVIII, p- 61.

3. La Cathédrale, p. 376.
 
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