A TRAVERS LA SOUABE
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se fait remarquer par son caractère pseudo-oriental. Il est regret-
table que cette pièce soit toute panachée ; les hommes sont rayés
de gris et de bleu, ce qui coupe les figures. Le n° 4 (xive siècle)
montre des hommes et des femmes sauvages marchant pieds nus,
au milieu de banderoles. Ce sont des scènes d’un roman de cheva-
lerie, fort jolies, curieuses et décoratives. Une autre tapisserie, de
la fin du xv° ou du commencement du x\o0 siècle (n° 42), représente
La Famille de la Vierge, « Die lieilige Sippe ». La plus curieuse de
ces pièces est une illustration d’un roman de chevalerie français,
Guillaume d’Orléans, et retrace les aventures de ce prince et de la
belle Amélie. Des inscriptions commentent chaque épisode. L’en-
semble est plein de vivacité et les figures ne manquent pas d’une
certaine élégance '.
Un des joyaux du musée de Hohenzollern, c’est la pierre litho-
graphique, récemment achetée en Portugal, digne pendant de celle
dont s’honore la collection Charles Stein. On y voit la Vierge assise
sous un portique et entourée d’un essaim d’anges, parmi lesquels
un donateur. Les types sont germaniques, mais si larges, si savou-
reux ! Le modelé est aussi piécis que libre et de petites incrustations
en pierres de couleurs (roses, bleues, etc.) viennent relever l’archi-
tecture, qui appartient à la plus belle Renaissance. La voûte à
caissons est à elle seule une merveille ; elle porte une série de petits
reliefs exquis (Samson tuant le lion, le Sacrifice d’Abraham, etc.).
Une inscription commente la scène principale :
Quisquis es, æterni matrem vencrare ton antis.
Cui favet ipsa parais, natus et ipse favet.
Cette assimilation de Jésus Christ à Jupiter tonnant est faite pour
nous surprendre. Quoi, dès 1520, en pleine Allemagne, dans la cité
sainte du protestantisme, à Augsbourg, des réminiscences si profanes !
Au musée de Vienne, deux pierres analogues, représentant le
Jugement de Paris, portent : l’une le monogramme HD, que l’on a
lu Ilans Dollinger, l’autre, le monogramme BG, 1538. « Tout en
émettant des doutes sur l’artiste énigmatique qui a nom Hans Dol-
linger, Ug inclinait à considérer Dans Kels comme l’auteur du bas-
relief de la collection Stein1 2. J’avoue que ces raisons sont assez
1. Publiée par Hefner-Alleneck, Kunstwerke, t. III.
2. Le Catalogue des objets d'art composant la collection de feu Ai. Charles Stein
(juin 1899), attribue encore l'Entrevue de Charles-Quint et de son frère Ferdinand
à Hans Kels (n° 80).
xxiii. — 3e PÉRIODE.
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se fait remarquer par son caractère pseudo-oriental. Il est regret-
table que cette pièce soit toute panachée ; les hommes sont rayés
de gris et de bleu, ce qui coupe les figures. Le n° 4 (xive siècle)
montre des hommes et des femmes sauvages marchant pieds nus,
au milieu de banderoles. Ce sont des scènes d’un roman de cheva-
lerie, fort jolies, curieuses et décoratives. Une autre tapisserie, de
la fin du xv° ou du commencement du x\o0 siècle (n° 42), représente
La Famille de la Vierge, « Die lieilige Sippe ». La plus curieuse de
ces pièces est une illustration d’un roman de chevalerie français,
Guillaume d’Orléans, et retrace les aventures de ce prince et de la
belle Amélie. Des inscriptions commentent chaque épisode. L’en-
semble est plein de vivacité et les figures ne manquent pas d’une
certaine élégance '.
Un des joyaux du musée de Hohenzollern, c’est la pierre litho-
graphique, récemment achetée en Portugal, digne pendant de celle
dont s’honore la collection Charles Stein. On y voit la Vierge assise
sous un portique et entourée d’un essaim d’anges, parmi lesquels
un donateur. Les types sont germaniques, mais si larges, si savou-
reux ! Le modelé est aussi piécis que libre et de petites incrustations
en pierres de couleurs (roses, bleues, etc.) viennent relever l’archi-
tecture, qui appartient à la plus belle Renaissance. La voûte à
caissons est à elle seule une merveille ; elle porte une série de petits
reliefs exquis (Samson tuant le lion, le Sacrifice d’Abraham, etc.).
Une inscription commente la scène principale :
Quisquis es, æterni matrem vencrare ton antis.
Cui favet ipsa parais, natus et ipse favet.
Cette assimilation de Jésus Christ à Jupiter tonnant est faite pour
nous surprendre. Quoi, dès 1520, en pleine Allemagne, dans la cité
sainte du protestantisme, à Augsbourg, des réminiscences si profanes !
Au musée de Vienne, deux pierres analogues, représentant le
Jugement de Paris, portent : l’une le monogramme HD, que l’on a
lu Ilans Dollinger, l’autre, le monogramme BG, 1538. « Tout en
émettant des doutes sur l’artiste énigmatique qui a nom Hans Dol-
linger, Ug inclinait à considérer Dans Kels comme l’auteur du bas-
relief de la collection Stein1 2. J’avoue que ces raisons sont assez
1. Publiée par Hefner-Alleneck, Kunstwerke, t. III.
2. Le Catalogue des objets d'art composant la collection de feu Ai. Charles Stein
(juin 1899), attribue encore l'Entrevue de Charles-Quint et de son frère Ferdinand
à Hans Kels (n° 80).
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