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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 3
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Geffroy, Gustave: Jules Dalou
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0242

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JULES DALOU

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bas-relief ni ronde-bosse, que l’on ne peut pas mesurer, autour
duquel on ne peut pas tourner, alors que la sculpture est l’art du
dessin de toutes les surfaces, l’art du dessin des volumes... Comment
je comprends l’enseignement? Un atelier de cinq ou six élèves,
tout au plus, avec un maître qui sache enseigner les éléments de son
métier et qui vous mène avec sécurité aux fins de l’art, qui vous
aide à comprendre la nature par le musée, qui vous fasse revenir à
la nature en sortant du musée. »

En somme, ce fut la tourmente de 1870-71 qui rénova M. Dalor.
La sous-délégation qu’il exerça au Louvre lui valut d’être condamné,
pour usurpation de fonctions, aux travaux forcés à perpétuité, et de
se trouver jeté brusquement sur le pavé de Londres. Alors, me dit-il
encore, il s’aperçut qu’il ne savait rien, qu’on ne lui avait même pas
appris à enchâsser un œil dans un visage. Il avait toutefois un pré-
cieux bagage de connaissances acquises, toutes les notions reçues à
la Petite école, tous les travaux d’art industriel qu’il avait accomplis
pour vivre, le goût de l’ornementation, qui s’était accru en lui par
tant de dessins faits au Cabinet des estampes, suivant le conseil
de Carpeaux, d’après les maîtres du genre au xvn° siècle et au xvm°
siècle, — c’est avec admiration que M. Dalou décrit et commente les
travaux d’un Lepautre. A Londres, il se souvient de lout cet acquis,
il se remémore tant de belles sculptures, de vases, de trophées, qu’il
a vus aux monuments et aux jardins de Paris et de Versailles, Paris
où il a vécu toutes ses jeunes années, Versailles qu’il a vu tardive-
ment — il avait vingt-deux ans — et dont il a gardé un éblouissement.

~ Avec toutes ces notions acquises, toutes ces émotions ravivées, et avec
l'aide fraternelle d’Alphonse Legros, il ne perd pas courage et il
fait sa vie à Londres, et il fait aussi son art, étudiant sans relâche,
découvrant la nature. 1879 arrive, la mise au concours de la statue
de la République. M. Dalou n’obtient pas le prix, mais il y a un vote
unanime pour garder son monument à Paris. On sait le reste, qui
est une suite d’œuvres: le Mirabeau de la Chambre des Députés, le
Bas-relief de la Paix de la mairie du Xe arrondissement, le Blanqui
et le Victor Noir du Père-Lachaise, le Delacroix et le Silène du
Luxembourg, le Lavoisier de la Sorbonne, le Jean Leclcdre des Epi-
nettes, le Boussingault des Arts et Métiers, et des bustes, et les
deux monuments d’hier.

On sait aussi, à scruter cette rapide biographie, ce que doit
M. Jules Dalou à l’enseignement des arts décoratifs : son habileté
professionnelle, son goût de la tradition, son aptitude générale qui
 
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