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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
fait de lui un artiste capable d’ornementer une façade, de décorer
une fontaine, de dresser un surtout de table, d’occuper une place
publique. On sait ce qu’il doit, en le déplorant, à l’Ecole des Beaux-
Arts : la facilité toujours prête, ou plutôt une sorte d’indifférence
caractéristique, le laissant sans défense contre l’allégorie toute faite.
On sait ce qu’il doit à Carpeaux, par lequel il se rattache direc-
tement à l'histoire de la sculpture française : une fine nervosité
qui fournit ses preuves dans les bustes délicats, de passion sèche
et contenue, une saveur charnelle qui a son épanouissement dans le
Silène, lequel rejoint Rubens à travers Carpeaux. On sait enfin ce
qu’il doit à lui-même : la culture de tous les dons qui étaient en lui,
la volonté souvent victorieuse de l’habitude, l’amour des formes
vivantes, une fierté de line race populaire qui lui vient de ce Paris
dont il est l’enfant, et auquel il vient d’offrir en hommage la jeune
et charmante République du faubourg Saint-Antoine.
GUSTAVE GEFFROY
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
fait de lui un artiste capable d’ornementer une façade, de décorer
une fontaine, de dresser un surtout de table, d’occuper une place
publique. On sait ce qu’il doit, en le déplorant, à l’Ecole des Beaux-
Arts : la facilité toujours prête, ou plutôt une sorte d’indifférence
caractéristique, le laissant sans défense contre l’allégorie toute faite.
On sait ce qu’il doit à Carpeaux, par lequel il se rattache direc-
tement à l'histoire de la sculpture française : une fine nervosité
qui fournit ses preuves dans les bustes délicats, de passion sèche
et contenue, une saveur charnelle qui a son épanouissement dans le
Silène, lequel rejoint Rubens à travers Carpeaux. On sait enfin ce
qu’il doit à lui-même : la culture de tous les dons qui étaient en lui,
la volonté souvent victorieuse de l’habitude, l’amour des formes
vivantes, une fierté de line race populaire qui lui vient de ce Paris
dont il est l’enfant, et auquel il vient d’offrir en hommage la jeune
et charmante République du faubourg Saint-Antoine.
GUSTAVE GEFFROY