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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 3
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Gauthiez, Pierre: Notes sur Bernardino Luini, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0246

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NOTES SUR BERNARDINO EUINI

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d’un beau regard. Ici, la Vierge est plus vivante; oserai-je dire plus
femme et plus sensuelle? On croirait que le souvenir de Blanche-
Marie de Cellant est revenu sous les pinceaux. Mais celui de Laura
Pelucchi, n’était-ce point assez ?

Ne quittons pas le Milanais sans chercher, parmi les trésors
entassés à la Chartreuse de Pavie, des vestiges de Luini et une de ses
fresques bien conservée ; les vestiges, c’est un Saint Sébastien et un
Saint Christophe, aux côtés de la porte d’entrée dans le vestibule
d’accès; même si ces deux personnages sont de Bernardino, l’endroit
où ils ont été peints, presque en plein air, sous un portail qui baigne
dans les fossés humides d’une plaine lombarde, explique assez qu’ils
soient dégradés1. Il en est tout autrement pour la Madone qu’il avait
peinte dans une cellule du grand cloître; cette œuvre délicate, que
j’hésiterais à donner à Luini jeune et débutant-, et qui me semble
plutôt faite dans la pleine maturité, fut transportée, par le père du
custode actuel, M. Giani, dans la petite sacristie de droite. Malgré le
faux jour que répand un vitrail, d’ailleurs admirable, on reconnaît
les traces d'un « potassage » qui a fait ressortir les bleus et s’éva-
nouir les retouches. Au reste, le moine qui avait cet ouvrage dans
sa maisonnette pouvait contempler durant ses méditations un Luini
de la belle époque, une fresque rnàle et légère, très poussée dans le
sens de l’expression raffinée : Madone intéressante et fine, plus re-
cherchée et moins touchante que bien d’autres, mais d’une valeur
grande, malgré quelque tendance à la préciosité. Le petit Enfant,
qui tend les mains vers une touffe de lys, est très analogue au pulto
qui est dans la Vierge ci la lige d'ancolie*.

Dans la rude Bergame, trop rarement visitée par les artistes,
l’Académie Carrara et la collection Morelli, qui lui est annexée,
contiennent des Luini b Celui de la galerie Lochis-Carrara, tètes

J. Voir La Certosa di Pavia, par L. BelLrami. Milan, Hœpli, 1893, in-12, p. 131.
La place même de ces fresques serait une preuve de leur authenticité. Luini
aimait à peindre dans la lumière ménagée par te demi-plein air des arcades et
des vestibules. Outre le Presepio de S ironno, outre la Vierge de Lugano, je rap-
pellerai que Lomazzo mentionne (Trattato, p. 164-165) et décrit longuement une
Miséricorde peinte à Milan sur la porte de la façade, à l’hôpital de la Charité. —
Voir encore l’édition du Trattato en 3 volumes. Rome, 1844, t. I, p. 275.

2. Beltrami, loc. cit., p. 94 (gravure) et 96.

3. Voir Gazette des Beaux-Arts, lie pér., t. XVIII, p. 14, où cette œuvre est
gravée.

4. Catalogo dei quadri csistcnti nelle galleric delta Academia Carrara di belle
arti in Bergamo. Bergamo, 1881, in-12, t. IV, p. 79 : gai. Lochis, salle 3, n° 130.
 
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