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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 3
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Gauthiez, Pierre: Notes sur Bernardino Luini, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0255

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

roseau et l'éponge dans une main, et montre son Dieu de l’autre
main ; le second des anges dessine son doux profil entre la lance qu’il
tient dans sa main droite et le calice, le Saint Graal, qu’il élève pour
recueillir le sang de Jésus. Une forme indécise sort de la pénombre
et des lézardes ; c’est ce qui reste de la sainte Véronique, laquelle
tient à la main -— une main qui perce les ténèbres — le voile où le
Christ imprima sa face; à colé de l’ange du Graal, une autre sainte,
pareille à l’une des femmes de la Passion, joint les mains dans un
geste de douleur fervente, et sa figure amaigrie regarde la blessure
au flanc de Jésus. Les tons, très soutenus, sont gris, lilas et mauve,
la touche est pleine et libre ; les nus, les visages et les draperies sont
d’une exécution charmante, et l’impression intense donne la certi-
tude que Luini devait exécuter celte œuvre dans les memes années
où son génie allait de la Passion aux fresques du Monastero Maggiore.

Les nobles fresques du Louvre1 2, avec les charmes de leur com-
position et la suavité de leur dessin, n’ont point conservé cette
Heur du ton et de la touche. 11 n’est qu’un morceau bien minime
pour représenter parfaitement le frescante à Paris : c’est la tête de
femme venue au musée par le legs de Ilis de la Salle (n° 13G2).

Quant à nos Luini à l’huile, celui que montre le Salon carré
(n° 1354) n’est pas le meilleur ; il ne serait même pas bon pour l’Italie.
L’Enfant est le même que le Bambino du Mariage de sainte Ca-
therine, au musée Poldi. Les rouges et les verts, dans le vêtement
de la Vierge (n° 1353) sont bien conservés; mais c’est la Salomé
(n° 1355) qui, malgré la terrible main de droite, coupée par le cadre
et qui ressemble à un billot, conserve le plus sa noblesse. Elle
vaut mieux que la médiocre Hérodias du musée Borromée, si elle ne
saurait atteindre Y Hérodias - d’une étrange finesse que montre, à
Florence, la Tribune des Offices (n° 1135). En revanche, Florence
garde, dans les petites salles, au même musée (n° 1013), une Vierge
vulgaire, d’un ton criard. Je ne puis croire que ce soit un Bernardino
Luini.

1. Cf. Caffi, 1 Luini già cli casa Litta (Arte e Storia de Florence, nes 18-20,
1891), et la Lombardia, n° 199, 22 juillet 1867.

2. Voir Catalogue of the Royal Uffizi Gallery, le seul à peu près au courant.
(Florence, edit. by the Coopérative Prinling Association, 1897, p. 196.) Le cata-
logue mentionne que YHérodias fut découverte en 1793, dans les magasins du
palais Pitti, et (p. 182) que ce dernier tableau est sur bois, YHérodias sur toile.
On ne sait pourquoi (p. 109, n° 204) le catalogue fait naître Aurelio Luini en 1530
et à Luino.
 
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